Au Nain bleu

Brève histoire du palais des jouets parisien

Joli jouet en tôle aux couleur du Nain bleu réalisé sur le modèle d’un fourgon Charles Rossignol, L. 20 cm.

Au Nain bleu, ce célèbre magasin de jouets parisien est le seul de ces boutiques pour enfants, ayant fait la gloire de Paris depuis le début du 19e siècle, qui ait perduré jusqu’à notre époque. Son histoire se confond avec celle de la famille Chauvière. À l’origine deux cousins, Jean-Baptiste, né en 1779, et Jacques-Édouard Sr. né en 1811. Une fille du premier, Louise, se mariera avec le second en 1837. Tous deux ouvrent un petit magasin de jouets au 25 (devenu 27) du boulevard des Capucines, quartier populaire à l’époque, mais appelé à devenir celui de la riche bourgeoisie.

La maison Simonne

Une autre fille de Jean-Baptiste, Alexandrine-Héloïse, épouse en 1834 un modeste marchand de jouets, François Simonne qui, une fois remarié après un précoce veuvage en 1846, créera la Maison Simonne, Passage Delorme, entreprise qui deviendra célèbre dans le monde des collectionneurs de poupées et dont figure ici une facture datée de 1857 pour la vente d’un vaisseau mécanique à Mme la Vicomtesse de Lamotte, rue de Lille, ce qui en dit long sur la qualité de sa clientèle.


“Au Polichinelle vampire”

Irma et Marie-Olympe, les deux filles ainées de Jean-Baptiste se marieront, la première avec André Redon, la seconde avec Nicolas Tiphaine, et s’associeront pour reprendre un magasin de jouets créé en 1826, Passage de l’Opéra dont le Petit Courrier des Dames du 25 décembre 1835, vante les qualités en termes élogieux : “Le Polichinelle Vampire est le sujet de l’enseigne du roi des magasins de jouets. Tout Paris connait le splendide Bazar du passage de l’Opéra ; ce palais enchanté où les enfants placent le paradis du fameux saint-Nicolas, leur patron. Là en effet, il y a plus de calèches, de chariots, de diligences et d’omnibus…plus de chevaux…Bref, cette année, comme de coutume, toutes les mères et tous les parents iront là faire leurs provisions”. Nous avons une facture de ce magasin datée de 1836.


Maison Chauvière

Jacques Édouard Jr, fils du fondateur se voit confier, à l’occasion de son mariage en 1849 avec Rose-Eugénie Tranchant, la gestion du Nain bleu sous le nom Chauvière-Tranchant. Un fils nait, Édouard-Louis, qui reprend l’entreprise en 1876. La facture ci-dessous, de 1876, date des débuts d’Édouard-Louis.

Facture de la vente “d’un ménage et d’un fouet à Madame la vicomtesse de Vaulogé, sur le compte de la femme de chambre”.


Priorité : la qualité

L’étiquetage de chaque objet sortant du Nain bleu est une tradition qui se perpétue depuis l’origine. Vous en trouvez un exemple dans cette étiquette de la période d’Édouard-Louis qui était apposée sur la maison Gottschalk présentée sur ce site.


Depuis, l’entreprise, qui avait tenté de s’adapter au monde moderne et diversifier les jouets qu’elle vendait, existait désormais Rue Saint-Honoré.

Coupure de presse publicitaire pour le magasin désormais établi rue St-Honoré.


170 ans de rêves d’enfants

L’emballage était toujours soigné et l’acheteur avait droit à une image publicitaire changeant chaque année. Voici deux souvenirs d’achats familiaux de cette époque : une image publicitaire de 1989 et un catalogue de 2003. L’enseigne a survécu 170 ans. Mais vaincue par les changements de société, elle a fermé en 2006. Elle a depuis peu été reprise par le groupe hongkongais Kidsland avec désormais des ventes en ligne… On n’arrête pas le progrès !

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens