Marche à toute alu !
En ce début des années 1920, les conditions économiques du pays sont très favorables. En une dizaine d’années, entre la fin de la Première Guerre et la crise de 1929, la production industrielle a quadruplé, portée par les besoins de la reconstruction, les progrès des sciences et techniques et de la mécanisation notamment. Dans ce contexte, l’aluminium dont le coût baisse plus que tous les autres métaux, va connaître un essor considérable. Il supplantera ainsi nombre d’entre eux, et en particulier le cuivre, dans la fabrication d’une multitude d’objets et d’ustensiles de la vie courante, dont les jouets.
Jouets de construction mécanique à transformations multiples
La société Roquefort-Villeneuve & Cie, fondée en 1920, se spécialise dans la création de jeux de construction en aluminium qui sont commercialisés sous le nom d’Auto-Cycle. L’entreprise dispose d’un siège social sis au 77 rue du Faubourg St-Jacques à Paris et d’un atelier de fabrication établi au 39 de la rue Darreau dans le 14e arrondissement.
Le précurseur de Meccano ?
Le premier coffret proposé est décliné en cinq tailles. Suivant le nombre de pièces contenues, il était possible de construire différents modèles dont la difficulté de montage allait crescendo selon qu’il s’agissait de réaliser un tricycle ou une moto avec la boîte N° 1, d’un triporteur avec la boîte N° 2, de toutes ces combinaisons plus une bicyclette avec la boîte N° 3, d’une moto attelée d’un panier en osier ou d’un triporteur tout en alu avec la boîte N° 4. Quant à la boîte N° 5, la plus complète, elle permettait d’obtenir tous les modèles pré-cités et quelques autres encore dont un beau scooter. Le coffret N° 6 incluait trois modèles tout montés, la moto side-car en osier, le scooter et le triporteur.
En alu et à moteur
Un moteur à ressort, livré monté ou à monter selon les instructions d’une notice, était prévu pour animer ces modèles et mettre à l’épreuve l’ingéniosité des jeunes meccanos. Ces mécanismes d’horlogerie tout en alu, de bonne facture, étaient dissimulés dans les attelages.
Fontaine, Rigot & Cie dans les années 30
La société Roquefort-Villeneuve est déclarée en faillite au mois d’août 1924, laissant dans les cartons ses projets d’une voiture, d’un avion et d’autres véhicules encore. L’entreprise Fontaine, Rigot & Cie, installée au 127 rue du Vieux-Pont-de-Sèvres à Boulogne-Billancourt (92) reprend la marque en 1930. Le nom d’Auto-Cycle est conservé et restera estampé sur chaque modèle.
Voiture et avions à monter
La production des modèles Auto-Cycle se poursuit tout en s’étoffant de remarquables nouveautés : une auto aux lignes géométriques et deux avions. En fin de production, la sicalite (matière plastique dure) sera proposée comme alternative à l’aluminium pour les side-cars et les avions.
Au total, sous sa nouvelle raison sociale Fontaine-Rigot, le catalogue Auto-Cycle comptera quatre jouets démontables à moteur mécanique : moto avec side-car, triporteur, avion et automobile. Auxquels s’ajouteront six boîtes de jeux de construction mécanique à transformations multiples (de 12 à 37 combinaisons). Les boîtes N° 3 et suivantes, présentées en version “Luxe”, bénéficiaient d’un coffret en bois. Les pièces détachées étaient disponibles au détail jusqu’à la fin des activités d’Auto-Cycle en 1938.
Estimation : Les jouets et jeux Auto-Cycle ne sont pas faciles à trouver, voire assez rares complets, ou en boîte, avec leurs notices. Ils remportent les faveurs des collectionneurs de jouets anciens, mais aussi des amateurs de motos et deux-roues qui les recherchent. Un bel exemplaire s’échange à partir de 300 €.
Martine Hermann et Giuseppe Scarani
(Photos et collection © G. Scarani)