Avirons sportifs

140 ans d’efforts

Les compétitions d’embarcations à rames sont anciennes et diverses, comme les courses organisées lors des Regata, nom des festivals vénitiens du III^e siècle, ou les courses de pirogues polynésiennes, ou celles des taxis fluviaux de Londres à la même époque.
Mais c’est au XIX^e siècle que ces défis entre professionnels se transformèrent en sport pratiqué par des amateurs passionnés. En France, cinquante sociétés d’aviron sont fondées entre 1872 et 1882. L’attrait suscité auprès du public incite certains fabricants de jouets à proposer des reproductions animées de ces embarcations fines et longues à rameurs multiples. Leurs noms n’ont malheureusement pas toujours survécu, mais force est de constater que la majorité de ces jouets est d’origine allemande.

Des jouets à traîner

Aux États-Unis, les universités de Yale et Harvard eurent leur première compétition d’aviron en 1852. A l’origine, les jouets proposés dotés de rameurs en mouvement sont des jouets de parquet à tirer. Ils sont tous basés sur le même principe : une ou plusieurs roues entraînent une tige reliée aux rameurs leur donnant un mouvement de va-et-vient. Ces deux exemplaires en fonte produits à la fin du XIX^e siècle (photo ci-dessous) sont l’illustration de ces embarcations de compétitions universitaires dites 4 ou 8 pointes avec barreur.

La société française Etma, acronyme d’Étienne et Mandonnaud, a produit différents types de jouets d’avirons en bois peint avec 2, 3, 4, ou 6 rameurs. Ils datent du milieu des années 1920, la société ayant fait faillite en 1936. Les roues arrière de ces pseudo-2, 3 ou 7 de couple en bois de 40, 48 et 76 cm de long actionnent une tringle qui impose un mouvement de va-et-vient aux rameurs quand on déplace le jouet manuellement.

A Sterling dans l’Illinois (USA), l’Hustler Toy Company, une entreprise spécialisée dans la production de jouets en bois active de 1925 à 1934, a imaginé cet Hustler Crew. Traîné sur le sol, les roues de ce jouet impriment un mouvement de va-et-vient aux personnages. Aucune rame ne leur est associée.

Cet autre jouet américain des années 1930, créé par The Toy Tinkers inc. porte le logo de la marque sur le bob de la figurine. Le jouet ressemble à un patin à roulettes. Il allie le fer et le bois avec un mécanisme qui connecte les roues au rameur.

Des jouets mécaniques

Les premiers jouets de rameurs animés par un moteur à ressort étaient encore en bois, tels ces deux exemplaires, un 4 de pointe avec barreur réalisé par Gely (Georg Levy) et un 8 de pointe avec barreur signé Günthermann.

Signalons deux modèles en fer blanc peint et lithographié du début du XX^e siècle, un 2 de pointe sans barreur et un 4 de couple, attribués au fabricant allemand Meier.

Les deux 4 de pointe en tôle peinte et lithographiée (photos ci-dessous) sont animés par un moteur à ressort. Ils ont été produits en Allemagne dans des années 1920 vraisemblablement par Gely et mesurent 25,5 cm de long.

Un 4 de pointe sans barreur en fer blanc lithographié de 38 cm de long a été produit dans les années 1860 par l’allemand Günthermann peu de temps avant la fermeture définitive de l’entreprise rachetée par Siemens (!?) en 1965. Le moteur à friction est placé sous le capotage à l’arrière avec les roues jumelées, et une tringle actionne les rameurs. Une version de ce modèle avec moteur d’horlogerie a également été produite (voir photo d’en-tête). La popularité des courses estudiantines anglaises a fait que ce jouet fut baptisé Oxford. Il y en a sûrement un autre nommé Cambridge.

The Boat Race à l’université :  la tête et les jambes

La fameuse compétition entre les clubs universitaires d’Oxford et de Cambridge débuta en 1829 mais ne devint annuelle qu’en 1856 avec les interruptions dues aux deux Guerres mondiales et à la pandémie de Covid 19. A noter que la première compétition féminine qui date de 1927 n’est devenue annuelle qu’en 1964. Cette compétition a pour simple nom The Boat Race. Curieusement, ce sont les fabricants allemands, principalement Bing, Gely, Günthermann, Issmayer et le Français Etma, qui ont proposé des jouets correspondants à cette compétition et non des britanniques.
Si la majorité des embarcations d’avirons sportifs sont des jouets de parquet, deux fabricants allemands, Bing et Issmayer, se sont fait une spécialité de jouets de bassin.

Bernard Gloux
Collectionneur