“Le père du jouet en tôle moderne”
Bernard Gloux écrit :
Bonjour,
Toutes mes félicitations pour votre site que je découvre aujourd’hui. Il est à la fois distrayant et instructif. Avec une envie de “encore” !
Mais voici une question relative à l’industrie du jouet : il est admis que la paternité du montage des jouets en tôle par agrafage revient à Charles Rossignol qui en obtint le brevet en 1888, un an avant sa mort. Ce procédé bien connu rendit la fabrication plus facile, rapide et moins onéreuse que la soudure. On peut donc supposer que ses concurrents se sont empressés de lui emboîter le pas, brevet ou pas. Mais qu’en est-il vraiment ? Et peut-on utiliser ce mode de montage comme élément de datation, par fabricant ou par pays ?
Il aurait aussi reçu un brevet relatif à l’impression lithographique, ce qui fait de Charles Rossignol le père du jouet en tôle moderne.
Merci pas avance de toute réponse à ma question.
Jouets anciens vous répond :
Merci Bernard pour votre mail et vos encouragements qui nous touchent sincèrement.
L’invention de l’assemblage par agrafes
Comme vous le précisez justement, Charles Rossignol a déposé un brevet en 1888 relatif à un “perfectionnement apporté dans la fabrication des jouets en fer blanc ou autre métal mince”. Celui-ci consistait à conserver des languettes de métal dans l’excès de matière avant l’emboutissage pour permettre l’agrafage des deux coquilles d’un jouet. Ce brevet d’invention a été attribué à Charles Rossignol en 1889 pour une période de 15 ans. Ce qui explique que, dès 1904, la concurrence put reprendre sans contrainte cette idée originale, aussi simple qu’avant-gardiste, pour une mise en œuvre plus facile et plus économique que la soudure à l’étain.
Ce procédé d’agrafage rapide et efficace fut particulièrement exploité en Allemagne où quelques 113 affaires spécialisées dans la fabrication de jouets en fer blanc étaient installées à Nuremberg en 1900.
Le brevet de lithographe
Il est également exact que Charles Rossignol, constatant les inconvénients de la peinture pour la décoration de ses jouets, songea à la remplacer par une presse lithographique. Cette technique d’impression est une invention allemande du 18e siècle qui s’est rapidement et largement généralisée en Europe. En France toutefois, entre 1810 et 1881, l’exercice de la profession de lithographe, comme celles d’imprimeur et de libraire, étaient soumises à autorisation délivrée en nombre limité par le ministère de l’Intérieur. Afin de restreindre “la liberté de l’imprimerie” proclamée par la Révolution française, le Premier Empire instaura le régime des brevets. Celui-ci contribua à alimenter les “grands dépôts” des Archives nationales qui commençaient à collecter les archives des ministères.
L’histoire des jouets CR est passionnante et le beau livre que Mick Duprat a consacré à la marque constitue une mine d’informations pour les collectionneurs et un hommage essentiel rendu à l’un des plus prolifiques et des plus innovants fabricants de jouets français. (Lire aussi notre article sur le Tramway parisien).