Chevaux

Hue Dada !

Il est de tradition de dire que le cheval est le meilleur ami de l’homme. Cela a été surtout vrai dans le passé jusqu’au milieu du 20e siècle. En effet, le cheval était incontournable pour transporter hommes et marchandises. Les enfants d’alors vivaient dans une certaine familiarité avec cet animal, qu’ils habitent à la campagne ou à la ville. Aussi, l’enfant, surtout les garçons, rêvait-il de posséder un cheval et de caracoler.

Le cheval-bâton

Le cheval-jouet le plus ancien est le cheval-bâton. Il s’agissait d’un bâton terminé par une tête de cheval sculptée dans du bois, tête plus ou moins grossière ou réaliste, que chevauchait l’enfant. On en trouve la trace dès l’Antiquité, par exemple dans un écrit de Plutarque, mais aussi au Moyen Âge et au 16e siècle dans les écrits de Rabelais au sujet des jouets de Gargantua ou dans les gravures de l’époque, mais encore au 17e siècle comme sur cette gravure.

Illustration in L’Histoire des jouets de H.-R. d’Allemagne.

Le cheval juponné

Une variante du cheval-bâton est le cheval-juponné. Il s’agit d’un cheval en carton bouilli dont le corps est percé d’un trou permettant à l’enfant de s’y glisser, ses jambes étant cachées par un volant en tissu comme le montre la gravure ci-dessous.

In L’Histoire des jouets de H.-R. d’Allemagne.

Un tel article se vendait au Bon marché, en 1913, entre 8,50 et 12,50 fr. selon la taille.

Extrait du catalogue Au Bon Marché, 1913.

Le cheval à roulettes ou à bascule

D’autres jouets permettaient à l’enfant de faire de l’équitation : le cheval à roulette ou le cheval à bascule. Dès le 16e on en a fabriqué, comme le révèlent quelques exemplaires conservés dans des musées du jouet. Mais ces jouets ont surtout fait la joie des enfants au 19e siècle jusqu’au 20e, ce dont témoigne cette photographie familiale.

Les joies du cheval à roulettes, illustration in L‘Histoire des jouets de H.-R. d’Allemagne.

Les chevaux mécaniques

Mais le but de cette notice est de parler des chevaux mécaniques à partir d’un exemplaire de ma collection. D’après l’expert François Theimer, il s’agirait, en 1821, du second brevet d’invention déposé en France, bien qu’à l’origine on puisse s’interroger s’il s’agit vraiment d’un jouet ou plutôt d’un nouveau moyen de locomotion. Quoiqu’il en soit, à partir de 1845 le cheval mécanique deviendra un jouet qui fera rêver beaucoup d’enfant du 19e siècle.

Un cheval pour les enfants privilégiés du 19e siècle, H. 70 cm.

Cet exemplaire de la fin du 19e siècle a été fabriqué par Jugnet à Lyon. La marque est gravée sur le moyeu de la roue arrière gauche. La tête très expressive est en fonte, les oreilles sont dressées, le corps est en bois peint et verni de couleur brun rouge d’origine, les sabots sont peints en noir.

Un tricycle à manivelle

C’est un tricycle à roue de fer bronzé avec cale-pieds fixes sur la fourche avant permettant de l’orienter. Une manivelle à deux poignées en bois, traversant la tête, mobilise une chaîne de Vaucanson qui fait avancer les deux roues postérieures. Pour son âge, il est en excellent état avec sa crinière et sa queue en crin, son bridon, sa selle en velours rouge rebrodée d’une passementerie dorée en forme de brandebourg avec son troussequin, son tapis de selle en simili cuir de couleur noire à frange vieil or terni par le temps et ses quartiers en simili de couleur cuir naturel.

Un superbe exemplaire qui n’a rien perdu de son expressivité.

De nombreux catalogues d’étrennes présentent de tels jouets, soit à roues en métal comme le nôtre, soit à roues en bois, jusqu’à l’année 1914. Leurs prix varient de 10,95 à 32 fr, en fonction de leur taille, selon qu’ils sont en métal, en bois et éventuellement recouverts de peau. C’était, à l’évidence, des jouets de luxe, fabriqués par de nombreux artisans. Ainsi, à Paris, relève-t’on dans l’Annuaire officiel des jouets et jeux de 1897 pas moins d’une dizaine de fabricants de chevaux mécaniques. Ces chevaux mécaniques laisseront progressivement la place aux tricycles ou aux bicyclettes.

Le guide à bras

Enfin dans cet inventaire des jouets hippiques, il ne faut pas oublier un jouet qui avait beaucoup de succès quand les enfants se retrouvaient dans le vaste espace d’un parc public : le Guide à bras. Ce jouet permettait d’atteler un petit garçon qui jouait le rôle du cheval, tandis qu’un autre, tenant les rênes derrière lui, jouait le rôle du cocher brandissant un petit fouet, le tout dans des cris, des éclats de rire joyeux et le tintinnabulement des nombreux grelots fixés aux lanières de cuir, rythmant le galop des enfants.

Un équipage bien arnaché !
Extrait de catalogue du magasin du Louvre de 1888.

Nous possédons un tel jouet fait de deux brassards, qui se fixaient aux bras, d’un harnais qui entourait le torse de l’enfant et d’une rêne longue, le tout en cuir, agrémenté de très nombreux grelots. Notre collection est complétée par un petit fouet à manche en bois verni aux extrémités en laiton et lanière en cuir tressé qui l’accompagnait.

Un impressionnant guide à bras.

Ce jeu de guide à bras, appelé aussi Jeu de la Poste ou du postillon, était suffisamment apprécié des enfants pour figurer en bonne place dans le livre Les bébés des jardins de Paris, édité par A. Quantin, en 1886, avec une jolie image de l’illustrateur J. Grigny et un texte intitulé « La poste » de P. Bonhomme.

Une charmante illustration signée J. Grigny.

Estimation : Selon leur taille et surtout leur état de conservation, les chevaux mécaniques se vendent entre 600 et 1500 €.

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens