Les figurines articulées

Pantins, marionnettes et marottes

Part. 2 : Les marionnettes

Quel merveilleux spectacle que celui des marionnettes ! On pouvait être gendarme ou voleur au gré de sa fantaisie. C’est encore ici un très ancien spectacle, existant depuis l’Antiquité ou le Moyen-Âge, présenté dans des petits théâtres en bois à trois ou quatre pans, couverts d’une draperie dissimilant le manipulateur. Ce spectacle était très couru aux 17e et 18e siècles à la Foire annuelle de Saint-Germain. Certains marionnettistes du passé ont laissé leur nom comme Jean Brioché qui a importé le personnage de Polichinelle.

Dans les châteaux et les jardins

Le nom de “marionnette” est un diminutif de Marie, et désignait à l’origine une petite figurine de la Vierge. Certaines grandes personnes possédaient un théâtre de marionnettes dans leur demeure, comme Maurice Sand, le fils de George, dans son château de Nohant où il est toujours visible. Il en existait au Jardin du Luxembourg, au Rond-point des Champs-Élysées ou au Jardin des Tuileries, on y amenait les enfants, le jeudi, comme l’illustre cette gravure de l’Histoire des jouets d’Henri René d’Allemagne.

Les castelets

À partir de 1800, parents et artisans réalisèrent des castelets, théâtres pour marionnettes, produits ensuite en série, pliants, avec des décors interchangeables. Ils étaient vendus dans les Grands magasins.

Évocation du célèbre Guignol lyonnais

Ces castelets portent le plus souvent en fronton le nom de Guignol, marionnette créée par Laurent Mourguet vers 1808 et toujours active. Dans la série des Moyennes constructions, l’imagerie Pellerin en a édité sous forme de planche à découper que nous avons découpée, remontée et protégée dans une boite vitrée.

Planche N° 1022 “Théâtre de Guignol”, éditée par Pellerin.

Les marionnettes pour enfants sont construites à l’image des marionnettes lyonnaises, à gaine avec une tête en carton bouilli, sans corps ni jambe, mais avec deux bras qu’on manipule en introduisant le majeur dans la tête, le pouce et l’index dans les bras. Gendarmes et juges, Pierrot et Guignol, diables et sorcières sont les acteurs de ces petits théâtres. En voici des exemples de notre collection, datant de la fin du 19e siècle.

Marionnettes en carton bouilli, gaine en tissu d’origine, H. 20 cm.

Une popularité jamais démentie

L’engouement pour ces marionnettes était tel que certains ont édité des livres dans lesquels étaient publiés des dialogues mettant en scènes Polichinelle, le Père Cassandre, Jocrisse ou Colombine. En voici un, Le Théâtre des marionnettes, recueil de 24 pièces écrites en 1862, avec pour héros Polichinelle, Pierrot et Arlequin, par Louis Edmond Duranty (1833-1880), critique d’art et romancier, le fondateur, en 1861, du Théâtre des marionnettes au Jardin des Tuileries.

Un ouvrage de 24 pièces richement illustré pour théâtre de marionnettes.

Autre témoignage de cet engouement, le théâtre Guignol décore la première page du supplément illustré du Petit Journal daté du dimanche 5 mars 1911.

Guignol et Gnafron à la Une du Petit Journal.

Universelles marionnettes

Signalons que les marionnettes sont universelles. En Europe, nous les connaissons sous des noms divers : Pulcinella en Italie, Punch en Grande-Bretagne, Hans Wurst (Jean-Saucisse) ou Kasperle en Allemagne. Leurs spectacles sont encore courus comme à Prague ou ceux des marionnettes à tringle en Sicile. Dans la ville de Khiva en Ouzbékistan, on fabrique toujours selon la tradition des marionnettes à gaine, à visage en carton bouilli verni, avec mains et tunique en tissu, comme celles ci-dessous que j’ai rapportées en souvenir de voyage, il y a quelques 25 ans.

Marionnettes ouzbeks.

Estimation : Les marionnettes anciennes, avec la tête en carton bouilli et vêtements d’origine, se trouvent au prix de 15 à 30 € pièce.

Musée

Maison de la Marionnette, Rue Saint-Martin, 47, 7500 Tournai, Belgique.

Claude Lamboley