Jouets d’optique

Le Roul’scope-Praxinoscope

Le Praxinoscope est une amélioration par rapport au Phénakistiscope et au Zootrope dans la recherche d’une solution à l’animation de l’image. Il a été inventé en France, en 1877, par Charles-Émile Reynaud (1844-1918) qui l’a, assez naturellement, nommé en combinant le mot grec πρᾶξις (praxis), pour agir, et le suffixe scope dérivé du grec ancien σκοπεϊν (skopein), pour observer. Breveté en 1877, ce jouet obtiendra une “Mention honorable” à l’Exposition universelle de Paris de 1878, il sera récompensé par une Médaille d’argent en 1879 et de bronze en 1889.

Le Roul’scope, un dérivé du praxinoscope

Son succès commercial sera tel qu’il sera imité. En Allemagne, ce sera le Véloscope de Planck, en France, ce sera le Roul’scope, imitation fabriquée entre 1880 et 1900.

Comme le zootrope, le Roul’scope-Praxinoscope utilise une bande de douze images chromolithographiées placée autour de la surface intérieure d’une cuve en rotation peinte en noir et montée sur un axe. Cependant, la grande différence avec le zootrope est que les fentes d’observation étroites sont remplacées par un tambour à facettes, placé à mi-distance du cylindre et de l’axe autour duquel ce dernier tourne. Sur ce tambour sont disposés douze petits miroirs, agencés de telle sorte que les reflets des images, se concentrant aux foyers de ces miroirs, semblent plus ou moins en position stationnaire lorsque le cylindre tourne.En effet, chacun des miroirs reflète l’un des douze dessins de la bande qui lui fait face.

Bande N° 3 : Les chiens savants.

Un dessin animé en 12 images

Si chaque miroir est placé exactement à mi-distance entre le dessin qu’il reflète et l’axe général de rotation, la réflexion de ce dessin se produit exactement sur cet axe, de sorte qu’au cours de la rotation de l’appareil les images réfléchies des douze vignettes de la bande se substituent les unes aux autres sans quitter le centre de l’appareil. Le fondu enchainé des images est parfait. Bien mieux, contrairement à ce qui se passe avec les jouets optiques à fentes, la perception de l’animation produite à l’intérieur de la “cage de glaces”, comme l’a nommée Émile Raynaud dans son brevet, se fait sans obturation : elle est donc aussi parfaitement lumineuse que les dessins de la bande à animer. Ajoutons que l’animation réalisée par le praxinoscope peut être observée par plusieurs spectateurs, comme avec le zootrope, mais aussi sans désagrément notable par les deux yeux à la fois, contrairement au phénakistiscope ou au zootrope.

Zim Boom Boom, bande originale N° 5.

La science amusante

Notre jouet optique est dans sa boîte d’origine, recouverte de papier rouge avec une étiquette sur laquelle est imprimé Le Roul’scope-Jouet scientifique et amusant. Une vignette du magasin les Trois quartiers de Paris est collée sous le coffret.

Le Roul’scope complet, H. 17 cm, Ø 21,5 cm.

Il était fourni avec un jeu de six bandes numérotées de I à VI. I : Les papillons, II : Le jeu de volant, III : Les chiens savants, IV : Le déjeuner de bébé, V : Zim Boum Boum, et VI : Le trapèze.

Bande N° 6 : Le trapèze.

Jeux de miroirs

Contrairement au Praxinoscope d’Émile Reynaud, le Roul’scope était vendu sans bougeoir. Tel que nous le présentons, il est donc complet, en excellent état fonctionnel. La peinture d’origine de couleur rose est en très bon état avec un décor doré en relief autour de la cuve en tôle. Il existe aussi des modèles de couleur verte ou bleue. La cuve tourne autour d’un pied central amovible, en bois tourné.
Sur une étiquette en papier, collée sur le tambour central, on lit : Pour faire fonctionner, placer les extrémités de la bande contre la barrette qui fait saillie dans l’intérieur de la couronne. Puis lancer et regarder le miroir – Le soir, placer une bougie avec abat-jour, au centre de l’appareil.

Projection, théâtre et pantomime

Émile Raynaud perfectionnera son appareil d’optique en créant, en 1879, le Praxinoscope-théâtre. Ce jouet donnait l’illusion du mouvement de personnages à l’intérieur d’un décor fixe, la technique consistant à séparer, sur deux supports distincts, les éléments animés et les éléments fixes. Cela permettait d’éviter d’avoir à redessiner ce qui ne bougeait pas à chaque image.

Émile Reynaud et son Théâtre-optique, gravure signée Louis Poyet, parue dans la revue “La Nature” en 1892.

L’aboutissement fut la création au Musée Grévin, en 1892, des Pantomimes lumineuses. Mais ce spectacle génial arrivait trop tard. Les Frères Lumière allaient projeter le premier film de cinéma, le 28 octobre 1895, au salon indien du Grand café, boulevard des Capucines, apportant la solution la plus parfaite à l’animation de l’image.

Affiche de Chéret pour les pantomimes lumineuses projetées de 1892 à 1900 au Musée Grévin (© Musée Grévin).

Estimation : Le Roul’scope est considéré comme rare, il est estimé selon son état entre 600 et 1400 €.

Biblio

Émile Reynaud, et l’image s’anima, par Dominique Auzel, Éditions Du May 1992.

Le Guide argus des jouets de collection, par François Theimer, Éditions de l’Amateur, 1990.

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens