Jouets d’optique

Les feuilleteurs

Les feuilleteurs utilisent, comme les jouets d’optique que nous avons déjà décrits, le phénomène de l’inertie rétinienne, complété par l’effet phi qui se définit comme la sensation visuelle d’un mouvement provoquée par l’apparition d’images perçues de façon successive, et susceptibles d’être raccordées par un déplacement ou une transformation. Le cerveau comble l’absence de transition de l’image perçue par l’œil avec celle qui lui semble la plus vraisemblable.
Il existe plusieurs variantes de ce jouet d’optique.

Les cinématographes de poche

Ce jouet, semble-t-il, inventé par le Français Pierre-Hubert Desvignes en 1860, s’est répandu à la fin du 19e siècle sous forme de petits carnets proposés aux États-Unis sous  le nom de flip books, en Allemagne sous le nom de Lebenden Photographien ou Abblätterbuch (livre à feuilleter en français). On les trouve aussi sous les noms de kineograph, feuilletoscope, thumb book ou thumb cinema, ou plus rarement flip movie, fingertip movie, riffle book, living picture book ou hand cinema.

En France, on les connaît sous le nom de Cinématographe de Poche. Le flip book se présente comme un petit carnet, réunissant un grand nombre de feuillets, le plus souvent agrafés, sur lesquels sont imprimées des photographies d’une même scène en séquences légèrement décalées chronologiquement. On tient d’une main le flip book et on l’effeuille de l’autre avec le pouce soit de l’avant vers l’arrière soit de l’arrière vers l’avant. Les images ou dessins représentés sur ces feuillets, en défilant, donnent alors l’illusion d’être animés plus ou moins rapidement selon la vitesse à laquelle on les manipule.

Même s’ils étaient parfois prétextes à la contemplation de scènes un peu lestes, faciles à fabriquer et composés de photographies ou de lithographies, ils étaient vendus dans les magasins de jouets ou dans les boutiques de farces, attrapes et articles de fêtes. Leur prix de revient très bas en faisait un objet publicitaire facilement offert par des marques (cigarettes, automobiles…) ou des Grands magasins.

Cinq cinématographes de poche offerts par Le Bon Marché, 7 X 5 cm.


Une vingtaine de flip books ont été réalisés par le Bon Marché à Paris au début du siècle sous le nom de Cinématographe de Poche. Ce sont des photographies, prises en rafale d’un sujet en mouvement, tel un homme qui rit ou une scène de rue. Ils étaient imprimées par Camille Sohet, Imprimeur d’Art, 60 boulevard de Clichy. Nous en possédons cinq : La peur, Les forgerons, Le rire, Le buveur, La voiture.

Dans ces carnets qui étaient offerts, se trouvaient des publicités pour des articles vendus au Bon Marché : articles de photographie ou de peinture ; on y affirmait que le système de vendre tout à petit bénéfice et entièrement de confiance est absolu dans les magasins du Bon Marché.

Le cinématographe de poche en action.

Claude Lamboley