Jouets d’optique

Les feuilleteurs 2

Le folioscope mécanique

C’est sur le principe de ces flip books, mais en les mécanisant, que de nombreux jouets d’optique enfantins ont été créés. Dans une petite boîte en métal ou en carton, un empilement d’images était animé par une manivelle que pouvait manipuler un enfant. La rotation des dessins ou des photographies était assurée par une molette. Dans ce jouet, le pouce de l’observateur est alors remplacé par un index métallique. Ces petits jouets porteront différents noms : filoscope, animatiscope, retroscope, kinora wiever, troncynemato, kinematograph, newspaper movie machine
L’ Américain H. Casler qui, en 1894, avait inventé le Mutoscope, attraction populaire sous forme d’une machine à sous, déposera à Paris et à Londres, en 1895, un brevet pour une version très simplifiée qui s’apparentera à un feuilleteur. En 1896, Charles-Auguste Watilliaux, fabricant de jouets, qui avait déjà vendu des folioscopes, déposera à Paris un brevet pour un Appareil donnant l’illusion du mouvement par la succession rapide de photographies ou dessins.

Modèle déposé par Wattillaux (Cinématèque française ©S. Dabrowski)

Kinora, Mutoscope, Filoscope et Flickergraph

La même année, les Frères Lumière inventent le Kinora, C’est, en quelque sorte, un dérivé plus simple du Mutoscope, puisqu’il s’utilise également avec une manivelle, mais il n’y a pas de monnayeur et la roue d’images est beaucoup plus petite.  En 1898, l’Anglais Henry Short invente le Filoscope, sorte de mini-kinora. De nombreux autres jouets seront commercialisés après la première guerre mondiale.
Le FlickergraphDaylight Cine” est l’un de ces nombreux jouets British made.

L’image animée dans le petite lucarne du flickergraph, 13 X 12 X 10 cm.

Il fonctionne avec une demi-roue un peu semblable au kinora mais plus petite et avec des dessins et non des photographies. Cette demi-roue est mobilisée par une manivelle qui fait tourner une molette. Celui que nous possédons est de couleur rouge, le mécanisme et l’éventail des dessins sont visibles en ouvrant la partie supérieure de la boîte métallique. Celle-ci, fermée, présente une ouverture rectangulaire sur la face supérieure qui permet d’éclairer les images qui défilent, l’une après l’autre, devant un oculaire placé à la face antérieure de l’appareil.

Le mécanisme pour le feuilletage à l’intérieur du flickergraph.

Cette face porte plusieurs inscriptions : The « Flickergraph » Daylight Cine – British Made Pat. App. For. Et, en haut, For use with the « Animated Pictorial ». Le nom du fabricant n’est pas signalé.

Le Cinématographe-Jouet

Il a été commercialisé en 1900 par un fabricant français.

Le cinématographe jouet, 14 X 26 X 5,3 cm.

Ce jouet se présente sous forme d’une boîte en carton recouverte de papier de couleur prune. Il a fait l’objet d’une notice élogieuse dans la Revue Nature de 1902 :

Ce petit jouet est des mieux réussis de l’année ; le mécanisme est d’une simplicité remarquable, c’est ce qui en fait le charme et le rend bon marché. L’appareil se compose d’une bande de papier noire parcheminée mesurant 0,30 m de longueur sur laquelle on a collé les unes à côtés des autres, à une distance de 2 mm, des photogravures d’une scène quelconque prises au cinématographe et représentant une cinquantaine de positions successives. On a réuni ensuite les deux extrémités de la bande afin de former un anneau ; dans cette bande on y dépose une simple et grosse bille ordinaire, puis on suspend la bande sur une manivelle qui traverse un petit carré de bois de 2 mm d’épaisseur correspondant aux intervalles laissés entre les images, puis on descend la bande dans une grande boîte rectangulaire en introduisant les deux extrémités de la manivelle dans les deux petites fentes réservées à cet effet. Sur la face supérieure de la boite est fixée une petite patte de métal qui vient heurter chaque image à son passage. Il suffit de tourner la manivelle de gauche à droite pour voir s’animer toutes ces figures… La bille emprisonnée et entraînée par cette petite manivelle donne la tension nécessaire, suivant le mouvement rotatif. Ce petit cinématographe est un jouet ingénieux, amusant et vraiment curieux. Le cinématographe se trouve chez M. Mathieu, 29, rue de Valois à Paris.


Nous possédons cinq bandes d’images : Les duellistes, les boxeurs, la danseuse, le colleur d’affiche avec l’affiche Demandez partout le cinématographe jouet et La mouche.

Bandes d’images pour le Cinématographe-Jouet.

Ce petit cinéma était normalement commercialisé dans un coffret cloisonné contenant l’appareil, la manivelle, la bille de contre poids et cinq bandes d’images. Collé à l’intérieur de son couvercle, il y avait un mode d’emploi en trois langues, français, anglais et allemand.

Le mode d’emploi du Cinématographe-Jouet.

Ce jouet était vendu 1,95 franc, en 1903, dans les Grands Magasins de la Ville de Saint-Denis.

Estimations : Les Cinématographes de poche se trouvent à environ 30 € pièce. Le Flickergraph se négocie autour de 400 €. Le Cinématographe-Jouet se vend aux alentours de 350 €.

Biblio

Il Museo national del cinema, par Maria Adriana Prolo et Luigi Carluccio, Éditions Cassa di Risparmo di Torino, 1978.

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens