Jouets d’optique

Les projecteurs jouets

1ère partie : le projecteur Nic

Plutôt que de parler de cinémas enfantins, je préfère parler pour ces jouets cinématographiques de projecteurs jouets, dans la mesure où ils ne sont pas faits pour projeter de véritables films mais utilisent le procédé plus élémentaire des images alternées, le plus souvent sur des pellicules papier.


Le Ciné Nic

Le Ciné Nic, modèle original, est espagnol. Il fut construit à partir de 1931, par Tomàs et Josep Nicolau Griñó, fabricants de papiers et auteurs du brevet déposé le 25 avril 1931 à Barcelone. C’est en 1896, que le grand-père, Tomàs Nicaulo Riba, avait fondé, dans la capitale catalane, une industrie de papier peint, qui s’était ensuite orientée vers le papier calque pour se transformer, la génération suivante, en une usine de jouets. Cet appareil sera décliné en de nombreuses versions dont une version sonore, le Nic Sonoro, à partir de 1934, le Nic Télévision, en 1951, qui sera sonorisé en 1953 avec le Nic Télévision Sonoro, et le Super Nic motorisé, en 1969. L’entreprise fermera en 1974.

L’ibère Nic s’exporte

En 43 années d’existence, Nic aura distribué quelque dix millions d’appareils, non seulement en Espagne, mais aussi en France, à Marseille, par Egda et Ciné Sélic, en Grande-Bretagne sous le nom de Eagle, en Italie sous celui de Cine Zanetti, et même aux USA sous le nom de King Cinema ! Quelques années plus tard, un collectionneur passionné par le cinéma, Tomàs Mallol, rachètera à Tomàs Nicaulo tous les appareils, prototypes, pellicules, disques et documentations pour enrichir sa superbe collection de pré-cinéma et de cinéma qui, depuis, est exposée dans le magnifique Museu del Cinéma de Gérone.

Tomas Mallol, collectionneur et fondateur du Musée de Gérone (Photo musée)

Le principe des images alternées

Le Ciné Nic première époque est construit initialement en carton de couleur noire, avec un socle en bois. Il est équipé de deux ampoules de 40W, et d’un mécanisme, entraîné par une manivelle, qui permet d’afficher alternativement l’image supérieure et inférieure de la bande image. Le principe d’animation est simple mais astucieux : le film comporte deux séries superposées d’images et, pendant que le film avance, le projecteur affiche alternativement une image de chacune des séries, créant ainsi une illusion de mouvement dans des séquences enchaînées. Résultat d’autant plus satisfaisant qu’étaient racontées des petites histoires bien construites exploitant, au mieux, les images alternées et le mouvement lent de défilement du film. Il est rapidement suivi d’un modèle en carton à socle métallique, avec une seule ampoule et un réflecteur placé derrière celle-ci, puis, dès 1934, d’un Ciné Nic deuxième période.

Film Nic de fabrication française.

Deux versions françaises

Le Nic n°1 a été fabriqué sous licence, en 1933, par Egda (Établissements Giacomo De Andreis), 33 rue Saint-Esprit à Marseille. Directement inspiré du Ciné Nic première époque à base métallique. Ce modèle a une forme spécifique, le distinguant de l’original catalan par la partie verticale qui fait tout le tour de l’appareil sans être coupée dans les angles comme sur les autres appareils espagnols.

Projecteur Nic N° 1 de 1936, 12 x 27 x 13 cm.

Cet appareil apparaît comme mixte : il possède le boîtier de lampe du Nic première époque, mais la partie avant est celle des Nic seconde génération, à bande de film étroite. Le système d’éclairage ne comprend qu’une seule ampoule. Les flancs du boîtier de la lampe portent l’étiquette du logo de la marque adopté, dès 1932.

Le logo Nic illustré d’un enfant noir chevauchant un éléphant blanc par le dessinateur Eduard Jener.

Une autre version française toujours en carton et métal, le boitier contenant une ampoule, a existé. Il se distingue de la précédente par un dos arrondi.

Projecteur Nic N° 2.

Revue de détails

Ce projecteur de fabrication française se différencie de ses homologues espagnols par quelques détails pratiques. D’une part, le système de débrayage du film, utilisé pour libérer la bobine réceptrice de la manivelle lors du rembobinage du film, plus simple et plus efficace, s’obtient par simple rotation d’une petite plaque circulaire, tandis qu’une glissière excentrique dégage les deux engrenages de la bobine et de la manivelle. D’autre part, alors que l’engrenage de la manivelle des autres projecteurs se voit au travers d’une ouverture faite dans la platine, ici, l’ouverture est protégée par un carénage arrondi évitant l’accrochage des vêtements et des cheveux.

Engrenage sécurisé sur le Nic français.

Nic Luxe et Ciné Tom

Le Nic n° 2, également connu sous le nom de Cinéma Nic Luxe a été fabriqué de 1935 à 1939. On le distingue du Nic n°1 par son dos arrondi métallique. Il a été aussi distribué sous le nom de Ciné Tom, Le ciné des enfants. Il existe en métal de couleur verte, mais aussi en bleu.
Les films utilisés sont en papier de 55 mm de large avec un axe en métal.

Le Ciné Tom.
Notre appareil se trouve dans sa boîte d’origine.
Au recto de la notice, l’enfant mascotte Nic poursuivi pat un fauve affamé. Liste des films disponibles au verso. Mode d’emploi en pages intérieures.

Estimation : Les Ciné Nic se trouvent en salles des ventes pour un prix allant de 100 à 250 € selon l’état et le modèle.

Claude Lamboley