“Oho”, “Express”, “Gustav” et “Tom”
L‘entreprise Lehmann est une société fondée en 1881 à Brandebourg, près de Berlin, en Allemagne, date à laquelle Ernst-Paul Lehmann était devenu associé de la société GL Eichner & Sons, qui fabriquait des boîtes de conserve pour colorants à base d’aniline. Quand Eichner mourut trois ans plus tard, Lehmann changea le nom de l’entreprise et continua seul, se spécialisant dans les jouets en tôle à mécanisme d’horlogerie.
Oho, quel succès !
Nous avons eu l’occasion d’évoquer cette entreprise dans notre notice Des autos début de siècle avec la voiturette Oho, fabriquée en métal imprimé de 1906 à 1916 (réf. EPL N°540, 546, 700), probablement l’un des jouets les plus connus de l‘entreprise avec ce nom bizarre dont était si friand E.P. Lehmann avec d’autres jouets aux noms humoristiques tels Tut Tut, Uha, Aha ou Lolo.
En 1920, le catalogue Lehmann est déjà riche de plus de 100 modèles différents de jouets. C’est alors qu’un cousin de Lehmann, Johannes Richter, un marchand et inventeur, rejoint l’entreprise. Ce dernier encouragera l’ajout de jouets à caractère technologique. Après la mort de E.-P. Lehmann, en 1934, l’entreprise sera dirigée uniquement par Richter.
Lehmann après-guerre
Comme beaucoup d’autres fabriques de jouets, l’entreprise souffrira des pénuries et des difficultés d’exportation dues à la Seconde guerre mondiale. En 1948, l’entreprise Lehmann se trouvant en RDA sera nationalisée en “société populaire’” sous le nom de VEB Mechanischne Spielwaren et deviendra le premier fabricant de jouets en fer blanc de la République démocratique allemande. Une nouvelle usine est construite par Richter, l’ancien associé de Lehmann, à la périphérie de Nuremberg en 1959.
Rappelons que le logo de la marque de commerce de Lehmann est composé de la lettre E en capitale et en relief entouré d’une presse à broche.
Outre la voiturette Oho, nous avons dans notre collection trois autres exemplaires de jouets Lehmann.
L’Express EPL
Ce jouet, le plus ancien de la marque Lehmann, a été fabriqué de 1888 à 1918 (réf. EPL N° 140). Les premiers exemplaires portaient la marque EPL en filigrane à l’arrière.
C’était la représentation des porteurs de bagages de la gare de Berlin, chargés de transporter ceux-ci jusqu’à l’hôtel où descendaient les voyageurs. Ce jouet était propulsé par un moteur à ficelle, avec un lourd volant d’inertie. Le porteur qui tirait le chariot portait le N° 12 ou 7 sur sa poitrine gauche (notre exemplaire porte le N° 12). Ce jouet, bien que faisant partie de la gamme depuis le premier jour, n’a jamais été peint à la main, mais lithographié ; les roues sont en une seule pièce, avec six rayons.
À l’occasion du quarantième anniversaire de la marque, il y a eu une réédition de ce jouet (réf. EPL 770) qui a été commercialisé de 1928 à 1938 et qui mesurait 16,5 x 15cm. Cette version est dotée de l’entraînement habituel par ressort hélicoïdal. Les roues sont en deux parties avec huit rayons ; le porteur porte sur le côté gauche de la veste le numéro 770 du fabricant.
Gustav, le meunier
Ce jouet a été commercialisé de 1890 à 1945 (réf. EPL N° 250). Son fonctionnement est astucieux. Si on enlève le sac de farine qui se trouve sur la tête du meunier et qu’on l’accroche en haut du mat, un contrepoids, invisible dans la colonne, fait monter le meunier le long de cette colonne surplombée d’ailes en carton-pâte pour les plus anciennes ou en fer blanc pour les plus récentes, comme pour notre exemplaire.
Arrivé en haut, Gustav, en heurtant le sac suspendu, le décroche. Le poids du sac reposant sur la tête du meunier entraîne ce dernier vers le bas, les ailes du moulin tournent et les quatre membres du personnage s’agitent comme si il se laissait glisser le long de la colonne.
Si on retire le sac pour de nouveau l’accrocher, Gustav remonte, entraîné par le contrepoids, agitant ses bras pour se hisser tandis que les ailes du moulin tournent. Arrivé en haut, son contact avec le sac décroche ce dernier et notre meunier redescend, le sac sur la tête…
Le nom de Gustav est imprimé sur le bonnet du meunier et sur une face du sac, tandis que sur l’autre face figure le logo de la marque. Le jouet est entièrement peint en vert et rouge. Une étiquette collée au pied de la colonne est imprimée DRGM Made in Germany et Lehmann avec le logo.
Tom, le singe grimpeur
Ce petit jouet a été commercialisé par la marque de 1895 à 1945 (réf. EPL N° 385). Les membres sont articulés. La queue du singe coulisse sur le fil et maintient correctement le jouet. La culotte et le fez sont de couleur rouge vermillon, ce dernier complété d’un gland en fil de laine de couleur noire. Notre singe est vêtu d’une chemise à col cassé avec cravate noire. Le gilet est jaune uni et la veste redingote de couleur verte. Celle-ci a la particularité d’être recouverte d’une sorte de feutrine pulvérisée et rugueuse, spécifique des spécimens les plus anciens, comme cela apparaît sur le dessin réalisé à l’occasion du dépôt du brevet N° 69040 enregistré le 6 novembre 1892.
Ultérieurement, la veste sera lithographiée avec sur le bras droit la marque Lehmann et sur le fez et le bras gauche le nom de Tom imprimés, ainsi que le logo de la marque sur le bas du gilet qui est alors jaune à pois rouge. Mis à part la veste en feutrine, notre jouet est peint et non lithographié. Il apparaît ainsi comme un exemplaire des plus anciens à avoir été réalisé. Il est en parfait état y compris le gland du fez, souvent disparu.
Le mécanisme est astucieux avec à l’intérieur un ensemble de poulies et de bielles coulissant sur un fil qui doit être tendu comme le montre cette publicité extraite d’un catalogue Gamage de 1902. Les secousses sur le fil tendu, dont les extrémités sont munies d’anneaux pour le saisir, font monter le singe. Ce dernier déployé mesure 20 cm.
Tom sera réédité, en RDA, de 1955 à 1970 (réf. EPL N° 888). Il est lithographié et mesure alors 18 cm.
Estimation : Oho et L’Express se trouvent aux environs de 250 €. Gustav se trouvent aux prix de 150 à 300 €, voire plus avec la boîte. Tom est évalué entre 200 et 250 € pour les modèles les plus anciens et en boîte.
Biblio
Lehmann Toys, par Marianne et Jurgen Cieslick, Marianne Cieslick Verlag, 1988.
Collectionneur de jouets anciens