Jouet d’optique de salon
Chacun sait qu’une image est une représentation en deux dimensions d’une réalité en trois dimensions. Depuis longtemps on a essayé de restituer le relief. Ce fut d’abord la prise de conscience de la perspective, avec la mise au point en 1425 par Filippo Brunelleschi d’un procédé permettant de représenter un bâtiment sur un plan en respectant les rapports de proportion, et sa mise en pratique, deux ans plus tard dans la fresque de la Trinité peinte par Masaccio, qui décore la basilique Santa Maria Novella de Florence. Ce fut ensuite la création d’un instrument d’optique : le zograscope qui sera le sujet de la présente notice.
Un objet de collection
Le zograscope, inventé au 17e siècle a été à la mode jusqu’au début du 19e siècle. C’est cet appareil de salon, qui est représenté dans la fameuse gravure de Cazeneuve, L’Optique, d’après une peinture de Boilly, datée de 1793, qui montre Louise-Sébastienne Gély, seconde épouse de Danton, avec Antoine, fils d’un premier mariage du tribun.
C’est, à l’évidence, un témoignage de l’engouement de l’époque pour cette distraction. Objet de collection dans les cabinets de curiosité où il côtoyait les boîtes de perspectives amusantes que j’ai décrites dans la notice Théâtres miniatures, dioramas, peep-shows, c’était aussi une distraction de salon très prisée de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie à laquelle participaient les enfants comme le révèle la gravure. Il s’apparente donc à un jouet qui distrayait à la fois parents et enfants.
Perspective et profondeur
Comme on le voit sur cette photo, il s’agit d’un cadre en bois monté sur un pied et portant une grande loupe biconvexe et un miroir qu’on incline à 45°. On pose l’appareil au-dessus d’une image que l’on regarde au travers de la loupe et par réflexion dans le miroir. C’est donc l’équivalent d’un peep-show puisque l’image est vue au travers d’une optique.
L’appareil, ici présenté, mesure 55 cm de haut, le cadre fait 26 x 25 cm et la loupe a un diamètre de 15 cm. Le cadre peut être rehaussé à la demande et est bloqué par une cheville en bois.
Les gravures d’optique, un art pictural
L’image qui était ainsi observée était une gravure sur cuivre, peinte à la main par aquarelle ou gouache. Elle était imprimée par des entreprises familiales dont les plus connues étaient à Paris, quartier St-Séverin, à Augsbourg ou à Londres. Ces gravures d’optique sont innombrables, représentant des villes, des monuments, des scènes religieuses ou morales…
Ces images sont censées être vues en relief au travers de la loupe. Mais comme celle-ci est unique, le relief n’est qu’une illusion obtenue par l’accentuation de la perspective et par l’usage important de couleurs chaudes comme le rouge, le jaune ou l’orange qui rapprochent et de couleurs froides comme le bleu, le vert ou le violet qui éloignent.
Comme le relief est la conséquence de la vision par nos deux yeux, légèrement écartés, donnant ainsi deux images légèrement différentes qui fusionnent dans le cerveau, quand on créa un appareil permettant la vision binoculaire, on fût dans la possibilité d’avoir un vrai relief. Ce fût le stéréoscope que j’ai déjà décrit dans Magie lumineuse, qui ruina, au début du 19e siècle, le zograscope.
Estimation : Le zograscope est assez rare en vente publique. Son prix se situe entre 500 et 1000 €.
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