Les premiers tôliers
Au sortir de la Première Guerre mondiale, les surplus des armées regorgeaient d’avions désormais inutiles tandis qu’un bon nombre de pilotes cherchait un emploi dans le civil. Les progrès techniques accomplis permettaient des vols de plusieurs centaines de kilomètres dans une relative sécurité et régularité. L’acheminement du courrier par chemin de fer ou bateau était trop lent pour une économie en plein essor, et le télégraphe ne permettait pas l’envoi de documents.
Des vols de tests avaient déjà été effectués avant guerre et l’US Army assura les premiers services pendant quatre mois . Mais le 12 août 1918, la poste fédérale (USPOD = United States Post Office Department) repris l’activité à son compte avec six JR-1B et des pilotes civils.
Une navigation hasardeuse
En l’absence de système de radio-navigation, les pilotes, quelque peu téméraires, suivaient leur compas et se repéraient en fonction d’éléments remarquables au sol, voies de chemin de fer ou grandes roues quand elles existaient, mais surtout de grandes flèches en béton peintes en jaune disposées sur leur parcours.
Pour les vols de nuit, des phares de navigation furent installés à travers le pays.
Pour devenir pilote d’avion postal
L’intrépidité des pilotes et l’admiration suscitée dans le public n’échappa bien sûr pas aux fabricants de jouets américains. Comme la plupart étaient des métallurgistes, leur matériau de choix était la plaque de tôle emboutie et non pas la feuille de fer blanc lithographié utilisée en Europe ou au Japon.
Voici quelques exemples d’avions jouet fabriqués en tôle et marqués US Air-Mail. Le marquage n’est souvent qu’une simple décalcomanie ou étiquette apposée sur les flancs de l’avion.
Des jouets en tôle dotés d’accessoires
Certains fabricants fournissaient avec leur avion des petits sacs de courrier en cuir et des mini liasses de journaux. C’était un peu illusoire car la plupart des ces avions-jouets n’avaient pas de plancher.
Ces jouets, solides de part leur construction en tôle d’acier, sont également de grande taille, de 30 à 60 cm de long, bien plus que les jouets en fer blanc qui suivront.
Dans l’Esprit de Lindberg
Certains de ces avions sont très similaires de forme car ils sont modelés d’après l’avion de Charles Lindberg qui réussit bien sûr à la première traversée aérienne de New-York à Paris en 1927. Bien qu’ils n’ai qu’une vague ressemblance avec le Spirit of St.-Louis, ils sont parfois qualifiés de Lindy’s Plane. Rappelons que la numérotation utilisée par Keystone (NX-) et Steelcraft (NX) fait référence aux avions expérimentaux américains comme le NX-211 du Ryan NYP de Lindberg.
Progrès techniques et concurrence japonaise
Les progrès techniques aéronautiques firent progressivement oublier les intrépides pilotes et les jouets Air-Mail disparurent des catalogues vers 1935. Et après guerre, l’importation massive des avions-jouets japonais en fer blanc joliment lithographié mit un terme quasi définitif à la tôle. Seul Buddy-L, repris par Katz en 1941, survécut vraiment. D’autres avions, mais en fer blanc ceux-là, ont été produits à la gloire de l’US Air-Mail par Girard, Katz Toys ou Mohawk Toys.
Notons que certains avions-jouets anciens sont repeints pour les rendre plus attractifs, d’autant plus facilement qu’ils ne sont pas lithographiés. Il existe même des copies modernes dont les fabricants vont jusqu’à les affubler de plaques “d’authenticité” !
Copie d’un jouet Steelcraft et plaque “d’authenticité” par Brass Tag Toy Inc.
Estimations : Selon l’état du jouet, compter 200 à 800 €.
Collectionneur