Les avions US Air-Mail

Au sortir de la Première Guerre mondiale, les surplus des armées regorgeaient d’avions désormais inutiles tandis qu’un bon nombre de pilotes cherchait un emploi dans le civil. Les progrès techniques accomplis permettaient des vols de plusieurs centaines de kilomètres dans une relative sécurité et régularité. L’acheminement du courrier par chemin de fer ou bateau était trop lent pour une économie en plein essor, et le télégraphe ne permettait pas l’envoi de documents.
Des vols de tests avaient déjà été effectués avant guerre et l’US Army assura les premiers services pendant quatre mois . Mais le 12 août 1918, la poste fédérale (USPOD = United States Post Office Department) repris l’activité à son compte avec six JR-1B et des pilotes civils.

Timbre de la poste américaine émis en 1918.

Une navigation hasardeuse

En l’absence de système de radio-navigation, les pilotes, quelque peu téméraires, suivaient leur compas et se repéraient en fonction d’éléments remarquables au sol, voies de chemin de fer ou grandes roues quand elles existaient, mais surtout de grandes flèches en béton peintes en jaune disposées sur leur parcours.

Flèche de direction et phares pour les vols postaux américains de jour et de nuit.

Pour les vols de nuit, des phares de navigation furent installés à travers le pays.

Pour devenir pilote d’avion postal

L’intrépidité des pilotes et l’admiration suscitée dans le public n’échappa bien sûr pas aux fabricants de jouets américains. Comme la plupart étaient des métallurgistes, leur matériau de choix était la plaque de tôle emboutie et non pas la feuille de fer blanc lithographié utilisée en Europe ou au Japon.

Deviens un pilote de l’U. Air-Mail, réclame de Kingsbury (Wilkins Toy Company), en 1927.

Voici quelques exemples d’avions jouet fabriqués en tôle et marqués US Air-Mail. Le marquage n’est souvent qu’une simple décalcomanie ou étiquette apposée sur les flancs de l’avion.

Avion-jouet biplan dont les ailes portent les cocardes Girard Toys Air-Mail, L. 33 cm (© Opamerica)
Logo Girard Toys.
Monoplan NX-263 marqué Keystone Air-Mail sur le nez , L. 63 cm (©Liveauctioneers).

Des jouets en tôle dotés d’accessoires

Certains fabricants fournissaient avec leur avion des petits sacs de courrier en cuir et des mini liasses de journaux. C’était un peu illusoire car la plupart des ces avions-jouets n’avaient pas de plancher.

Kingsbury, biplan (No. 766), version US Air-Mail du Taxiplane, 1927, L. 38 cm (©Liveauctioneers)

Ces jouets, solides de part leur construction en tôle d’acier, sont également de grande taille, de 30 à 60 cm de long, bien plus que les jouets en fer blanc qui suivront.

Steelcraft, monoplan NX107, version US Mail Plane, L. 53 cm (©liveauctioneers)

Dans l’Esprit de Lindberg

Certains de ces avions sont très similaires de forme car ils sont modelés d’après l’avion de Charles Lindberg qui réussit bien sûr à la première traversée aérienne de New-York à Paris en 1927. Bien qu’ils n’ai qu’une vague ressemblance avec le Spirit of St.-Louis, ils sont parfois qualifiés de Lindy’s Plane. Rappelons que la numérotation utilisée par Keystone (NX-) et Steelcraft (NX) fait référence aux avions expérimentaux américains comme le NX-211 du Ryan NYP de Lindberg.

Progrès techniques et concurrence japonaise

Les progrès techniques aéronautiques firent progressivement oublier les intrépides pilotes et les jouets Air-Mail disparurent des catalogues vers 1935. Et après guerre, l’importation massive des avions-jouets japonais en fer blanc joliment lithographié mit un terme quasi définitif à la tôle. Seul Buddy-L, repris par Katz en 1941, survécut vraiment. D’autres avions, mais en fer blanc ceux-là, ont été produits à la gloire de l’US Air-Mail par Girard, Katz Toys ou Mohawk Toys.

Notons que certains avions-jouets anciens sont repeints pour les rendre plus attractifs, d’autant plus facilement qu’ils ne sont pas lithographiés. Il existe même des copies modernes dont les fabricants vont jusqu’à les affubler de plaques “d’authenticité” !

Copie d’un jouet Steelcraft et plaque “d’authenticité” par Brass Tag Toy Inc.

Estimations : Selon l’état du jouet, compter 200 à 800 €.

Bernard Gloux

Collectionneur