Jeux d’architecture
Part. 1 : les jeux de construction en bois
Les jeux ont, de longue date, été motivés, certes par le souci de distraire, mais aussi par la volonté d’éduquer, cela d’autant plus facilement que le rêve de tout enfant est d’imiter les adultes. Les jeux de construction ont cette vocation. Non seulement ils développent la dextérité manuelle, le sens de l’équilibre, mais ils étaient censés susciter de possibles vocations.
Éducation et adresse
C’est le but, par exemple, des jeux de construction en bois qui n’hésitaient pas à s’intituler pompeusement Jeux d’architecture. Ces jeux étaient présentés dans des coffrets souvent décorés d’une vignette colorée et séduisante comme celle ci-dessus, illustrant le couvercle d’une boîte de la maison Richter. Parfois, le décor était une gravure sur bois, comme celle figurant sur un jeu de construction du fabricant Théophile Lamagnère, spécialiste des jeux de construction, de cibles paillassons, de jeux de fléchettes et de jeux de parquets, dont l’entreprise était sise 129, rue de Turenne à Paris, et dont le logo de la marque était le suivant, selon l’Annuaire officiel des jouets et jeux, des bazars, bimbeloterie, articles de Paris de 1897.
Logo du fabricant de jeux Théophile Lamagnère et boîte de sa production.
Pour devenir bâtisseur
Ces jeux de construction étaient faits de multiples petits morceaux de bois (parfois de pierre comme certains jeux de construction de la marque Richter). Ces morceaux de bois parfois simulant des briques ou des moellons, ces fenêtres parfois munies de vitraux, ces colonnes, ces pilastres, ces frontons, réunis dans de lourds coffrets, permettaient de dresser des façades d’immeubles, de construire des monuments ou d’édifier des cathédrales. L’esprit créateur des enfants, architectes en herbe, était guidé par des plans comme le montre ce coffret de la marque française SC (non identifiée), avec en détail la décoration des portes et fenêtres typiquement fin de siècle.
Le coffret ci-dessus est manifestement luxueux. D’autres modèles plus modestes étaient proposés aux enfants à La Samaritaine entre 1,95 et 6,10 francs, en 1910.
Des jeux classiques et intemporels
La production de jeux de construction en bois n’a jamais cessé. Depuis le simple empilage de cubes en bois jusqu’aux Lego contemporains, beaucoup de fabricants en ont proposés. Parmi ceux-ci, citons Bâtiss, une entreprise du Nord de la France, active de 1945 à 1960, qui commercialisa cinq boîtes et trois coffrets complémentaires de contenances différentes et de nombreux sachets de pièces détachées. Ces pièces en hêtre s’enfilaient sur des tiges métalliques qui transperçaient un socle rigide en carton. Elles permettaient d’ériger toute sorte d’édifices : maisons, châteaux, églises…, voire une ville entière pour les plus audacieux bâtisseurs. Bâtiss, qui destinait ce jeu principalement aux adolescents, le déclina en une version pour les plus jeunes enfants sous le nom de Batîcub.
Évoquons également l’entreprise d’ébénisterie tournerie fondée par Henri Liègeon en 1911 à Champagnole (39) qui deviendra Jeujura. Les jeux de construction composés de pièces en hêtre crantées : la Maison forestière et le Châlet suisse, sortiront des ateliers en 1941 et connaîtront le succès. Ils sont toujours fabriqués aujourd’hui.
Martine Hermann et Claude Lamboley