Apprendre en s’amusant
3 – La physique et la chimie
Le 19e siècle a été le témoin de nombreuses découvertes scientifiques qui ont fait croire que celles-ci allaient apporter bonheur et prospérité. Les fabricants de jeux et jouets se devaient de surfer sur cet engouement. Léo Clarétie dans son livre Les jouets, édité en 1893, n’écrit-il pas non sans ironie : La science s’abaisse pour se mettre à la portée des bambins sous forme de petits appareils qui ont des noms à leur faire peur ; quand ils ne sont pas scientifiques, ils sont géographiques… Le bébé a son accumulateur, ses réactifs, son hyposulfite, ses obturateurs ; il fait de la photographie, de la typographie, de la physique, de la chimie, de l’électricité ; il a son téléphone, sa machine verticale à moteur à vapeur, son manomètre, son régulateur ; il parle d’électrodes, d’ampères, de courants induits…
Des jouets savants
Comme l’écrit cet auteur, les enfants au tournant du siècle pouvaient faire des expériences électriques avec la machine de Winshurst, inventée en 1882 par l’Anglais James Winshurst. Elle produisait de l’électricité statique et était constituée de deux grands disques isolants disposés côte à côte dans un même plan et dont les faces extérieures étaient recouvertes de secteurs métalliques. Lorsque la machine est actionnée, par une manivelle, ces disques se mettent à tourner en sens opposés. Les secteurs métalliques viennent alors frotter contre des balais métalliques reliés à des bouteilles de charge ou à des condensateurs. Ces bouteilles sont elles-mêmes reliées à un éclateur constitué de deux sphères métalliques proches entre lesquelles un arc électrique se crée lorsque la différence de potentiel entre les deux sphères est suffisante.
Ce jouet scientifique était vendu dans les Grands magasins soit seul, soit dans des coffrets contenant un ensemble d’appareils utilisés pour illustrer de nombreux phénomènes d’électricité tels que des bobines de Ruhmkorff, des tubes de Geissler, des piles de Grenet, des pistolets de Volta, des bouteilles de Leyde, des voltamètres voire même des tubes de Crookes pour faire de la radiographie !
Voici quelques exemplaires de ces appareils :
Magie électrique
On peut en rapprocher cette boite électrostatique fabriquée par Ernst Plank, vers 1870, intitulée Les danseurs électriques. Il suffit de frotter avec un morceau de cuir la vitre qui clôt cette boîte pour voir les petits personnages en sureau qu’elle renferme danser sous l’effet de l’électricité statique.
Pour parfaire son initiation à l’électricité, l’enfant pouvait disposer de ce jouet permettant de faire des montages électriques pour lampe ou sonnerie. Ce jouet fabriqué par Sadoch, 53 rue de Clichy à Paris, date de l’entre-deux guerre.
N’oublions pas le moteur électrique universel en 110 ou 220 volts en alternatif ou en continu de marque Labor, vendu dans les Grands magasins dans les années 30.
Pour compléter cette liste de jouets électriques rappelons les téléphones et les télégraphes que nous avons décrits dans nos notices relatives aux Jouets de la Poste. Fabriqués par Péricaud au début du siècle dernier, on ne peut qu’être admiratif devant la miniaturisation de ces instruments semblables à leurs modèles et le fait qu’ils fonctionnent.
A toute vapeur
Les enfants, comme le souligne Léo Clarétie, possédaient des machines à vapeur soit verticales, soit horizontales comme celles fabriquées l’une par Doll ou par Bing en Allemagne qui leur servaient à animer de véritables petites usines ou des personnages comme ce forgeron fabriqué par Doll.
Mais aussi des jouets comme ce train Bing ou encore ce rouleau compresseur à vapeur vive de marque Wilesco. Le collectionneur ne sait s’il doit admirer la finition de ces jouets ou la grande précision de leur réalisation avec leur chaudière en laiton, leurs robinetteries, leurs cylindres à piston, leur manomètres et leur chauffage par lampe à alcool.
Éclairons notre lanterne
Les jouets d’optique initiaient l’enfant aux merveilles de la lanterne magique et, de là, au miracle de l’animation de l’image avec le cinématographe. Nous les avons déjà décrits.
Les boîtes de récréations optiques comme celle-ci, médaille d’or du Concours Lépine 1955, initiant l’enfant aux mystères de la physique optique et de la transmission lumineuse avec dans le coffret une petite lanterne, source de lumière, des prismes, des lentilles convexes ou concaves, des miroirs plans ou sphériques, permettant à l’aide d’un livre mode d’emploi de faire de nombreuses expériences d’anamorphose, de réfraction, de décomposition spectrale de la lumière, etc.
En mouvement
Le gyroscope est également un jouet populaire qui fascine les enfants et les adultes depuis des générations. Ces jouets fonctionnent sur le même principe que leurs homologues plus grands et plus sophistiqués. Un tel gyroscope est généralement lancé à l’aide d’une cordelette ou d’un mécanisme à ressort. Une fois lancé, c’est le miracle avec ce jouet qui semble défier la gravité en restant en incliné ou en équilibre sur un fil ou une pointe.
C’est cette capacité à réaliser des tours étonnants avec une vitesse de rotation impressionnante qui a rendu le jouet gyroscopique si populaire. S’ils sont souvent utilisés pour démontrer les principes de la physique de manière amusante et interactive, ils trouvent parfois une application étonnante tel le vol circulaire d’un avion en métal léger tenu au bout d’une tige, comme le Gyroplane de Mécavion, jouet des années 30.
La chimie aussi
La chimie a été source de petits jouets d’initiation comme ce coffret « Le petit chimiste N° 1 » garni d’une cornue, d’une lampe à alcool, d’un bécher, de pipettes, d’entonnoir, de tubes à essai et de différents tubes ou flacons contenant de l’acide chlorhydrique étendu, de la chaux vive, du permanganate de potassium, de la limaille de fer, du sulfate de cuivre ou du bicarbonate de sodium, du soufre, de l’alun, du sulfocyanure de potassium, une pince en bois etc. Ce coffret est accompagné de livrets d’utilisation qui précisent bien que les 100 expériences suggérées sont sans danger.
Il est très probable que ces jouets scientifiques ont été à l’origine de vocations d’ingénieur ou de chimiste.
Collectionneur de jouets anciens