Un millier de modèles à découvrir
Les jouets chinois nous sont familiers et pourtant mal connus. De nombreuses questions se posent encore à leur sujet. Quoiqu’il en soit, l’esthétique des modèles, la qualité de leur réalisation, la diversité de la production séduisent les amateurs et collectionneurs de jouets en tôle. Pierre Rieubet s’intéresse aux jouets chinois depuis plusieurs décennies et inaugure un site Internet qui leur est exclusivement dédié. Il nous confie son expérience.
La genèse d’une passion
“Dans les années 80, j’ai passé des vacances à l’Ile Maurice qui a des liens historiques et commerciaux forts avec la Chine. On trouvait alors des jouets des années 1970-80 très facilement dans les bazars. J’ai commencé à me passionner pour ces jouets, tout particulièrement pour ceux datant de la fin des années 1950 à 1980, période de l’apogée de la créativité chinoise dans ce domaine”.
Reconnaître les originaux
“La difficulté est que les jouets conçus et fabriqués en Chine ont parfois été réédités, voire copiés, les plaques de tôles imprimées ayant été conservées et réutilisées. Ceci explique que l’on trouve des jouets originaux des années 1960 (les plus anciens) et les mêmes refabriqués récemment.”
“C’est en 1958 que le gouvernement de Chine populaire décide de fabriquer et d’exporter massivement des jouets. Durant la Seconde Guerre, le Japon ne fabriquait plus de jouets et après le conflit, la production partait essentiellement vers les États-Unis. La Chine a relevé le gant de la concurrence dans ce domaine qui restait assez artisanal et nécessitait une abondante main-d’œuvre, essentiellement féminine. En Asie, l’émulation battait son plein. La créativité chinoise alliée à une stratégie commerciale offensive permirent aux jouets chinois de conquérir le monde.”
Ces deux photos illustrent l’influence japonaise dans certains modèles chinois.
1000 modèles répertoriés
“Il est à noter que tous les modèles sortis des ateliers chinois ont été numérotés, ce qui permet aujourd’hui de les identifier, car les catalogues existent mais ils sont rares. La quasi-totalité de la production porte un numéro de fabrication toujours composé de deux lettres et de trois chiffres. Les lettres sont de trois types selon le mécanisme : MF, pour friction, MS, pour spring (ressort) et ME, pour électrique (battery-toys éventuellement téléguidés).
En revanche, aucune logique n’apparaît dans l’attribution des chiffres. Les plus petits numéros ne sont pas forcément les jouets les plus anciens. Les doublons sont très peu nombreux. Le fait est que, théoriquement, ce système aurait pu numéroter jusqu’à 3000 modèles. A ce jour, j’ai référencé près d’un millier de jouets produits entre 1950 et 1980, ma période de prédilection”.
Jouet électrique, intitulé en français (réf. ME 776) et lapin à friction (réf. MS 744).
Des boîtes attrayantes
“Les jouets étaient toujours livrés en boîtes. Leur graphisme est particulièrement soigné et les illustrations très colorées. Mais le carton d’emballage, fin et trop peu rigide, a mal résisté au temps. Ceci explique qu’aujourd’hui ces boîtes sont manquantes une fois sur deux. Leur présence double à peu près la cote des jouets.”
Le site Internet
Pour découvrir les quelque 1000 jouets qui composent la presque totalité de la production chinoise entre 1950 et 1980, rendez-vous sur le superbe site de Pierre Rieubet. Chaque modèle est classé, par numéro, dans l’une des 19 catégories (autos, avions, motos, robots, manèges, etc.), illustré et estimé : Tin Toys of China.
Pierre Rieubet
Collectionneur
(Propos recueillis par Martine Hermann)