Jouets et joyaux
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omo est une marque de jouets italienne fondée par les ingénieurs Corrado Donini et Fernando Monti (acronyme Do-Mo) à Bologne en 1946. Technologiquement avancés pour leur époque, les jouets Domo étaient fabriqués en fonte d’aluminium et dotés de leur propre moteur qui pouvait être électrique, à ressort ou à combustion interne. La conduite à distance s’effectuait via une console équipée d’un volant et d’un levier pour la marche avant et arrière. Un transformateur-alimentation, avec un fil de huit mètres, amenait le courant alternatif de 110 à 220 volts directement au moteur. La commande directionnelle des roues se faisait en actionnant le volant, dont la colonne, à l’intérieur du boîtier de direction, comportait une came. Celle-ci, en tournant, appuyait sur deux billes de caoutchouc envoyant de l’air à l’intérieur d’un tube qui, gonflant deux poires de caoutchouc placées à l’avant, actionnait la direction.
Le spécialiste des autos électriques filoguidées
Les jouets Domo étaient très fidèles aux vrais modèles, à l’instar des automobiles Alfa Romeo “Alfetta” 158, ou Fiat 1100, ou Fiat Topolino, ou encore la barquette Ferrari 166, mais également du char Patton et même de l’hélicoptère G 55. Beaucoup étaient agrémentés d’un petit pilote de belle facture.
Un hélicoptère électrique
L’hélicoptère G 55, construit en acétate pour la légèreté, est véritablement révolutionnaire pour l’époque. Grâce au mouvement de l’hélice entraînée par le moteur, il pouvait se soulever, ne trouvant pour toute limite que la longueur du bras par lequel il est relié, soit quelques mètres. L’hélicoptère se déplace vers le haut dans n’importe quelle direction ou s’immobilise sous l’effet combiné de la vitesse de rotation et de l’inclinaison de l’hélice.
L’Autocorsa TC à moteur “Supertigre”
Domo a également produit une Autocorsa TC, équipée d’un moteur thermique, appelé moteur à combustion interne, le fameux 2,47 cm3 “Supertigre G20S” construit par la société Micromeccanica Saturno de Bologne. Celui-ci est contrôlé par un câble suffisamment long pour lui assurer une certaine autonomie de distance. Sa vitesse pouvait atteindre 18 à 20 km/h, contrairement aux modèles de circuit, dits “Theter Cars”, reliés par un câble au centre de la piste et dont la vitesse pouvait culminer à 200 km/h.
Des pièces de prestige
La beauté et à la haute précision de construction, conféraient à ces modèles réduits une place de choix lors d’expositions dans les clubs. Comme le spécifiait une publicité Domo de l’époque, les grands salons des hôtels de luxe et des paquebots transatlantiques leur offraient l’espace nécessaire pour des courses et des gymkhanas de légende ! Tel est le cas de l’Alfetta 158, modèle mythique s’il en est, puisque ce bolide fut piloté par Nino Farina, le vainqueur du premier Championnat du monde de FI en 1950.
L’arrivée du plastique
Compte tenu du coût de ses jouets, dont le prix de vente équivalait alors au salaire mensuel d’un ouvrier, Domo parvenait difficilement à trouver une clientèle suffisante pour poursuivre la fabrication de ses luxueux modèles. Pour tenter de faire face à la concurrence japonaise sur le marché européen, Domo se lança dans l’injection du plastique. A la même époque, Domo proposa notamment un beau coffret, complet de multiples accessoires, composé d’un plancher en aluminium sur lequel l’enfant pouvait adapter les carrosseries en plastique de la Studebaker Skyhawk ou celle de la barquette Ferrari filoguidées, à moteur électrique à piles.
Le camion fourgon avec sa remorque, également en plastique, disposait d’un mécanisme d’horlogerie commandé à distance par un mètre de câble. Malgré sa créativité et l’ingéniosité de ses productions, l’entreprise bolognaise ne parvint pas à éviter la cessation définitive de ses activités qui surviendra en 1961.
Estimation : Les jouets Domo sont rares et très recherchés des collectionneurs. Lors des ventes aux enchères, les adjudications battent souvent des records. A titre d’exemple, citons l’enchère de 7479 € (hors frais) pour une Alfetta 158 en état correct dans son coffret en bois (Étude Bonham à Londres, oct. 2020).
Martine Hermann et Giuseppe Scarani
(Photos © Giuseppe Scarani, première parution in Auto d’Epoca Magazine, janvier 2022).