Une touche de modernité
Voici, après l’imprimerie rotative, un jouet qui illustre le désir qu’on a eu, au tournant du 19e siècle, de créer des jouets témoins des progrès scientifiques du temps et ainsi de familiariser les enfants à ces progrès : la machine à écrire pour jouer à la petite secrétaire. Mais alors que les imprimeries rotatives étaient régulièrement signalées, dès 1905, dans les catalogues d’étrennes, les machines à écrire semblent beaucoup plus rares. En voici deux : la machine à écrire Simplex et la machine à écrire Junior.
La machine à écrire Simplex
C’est à l’évidence une très simple machine à écrire à index qui a été vendue à la fin du 19e et au début du 20e siècle, d’abord — et c’est très étonnant — comme machine à écrire sérieuse, ensuite comme jouet, tout en étant toujours le même produit. Elle a été inventée par M. Alando-M. English. Ce dernier a obtenu un brevet en 1892 qu’il a aussitôt cédé à Philip Becker de Brooklyn. En 1899, Ph. Becker et son associé, William Thompson, obtiennent un brevet pour une version améliorée de la machine d’origine, fabriquée par la Simplex Typewriter Co. à New York. Cette entreprise sera finalement contrôlée par le seul Samuel Thompson. Ce dernier était né le 21 février 1873 en Irlande. Il s’était installé aux États-Unis en 1889, et avait travaillé comme lithographe avant de devenir fabricant de machines à écrire.
Une vraie devenue jouet
Lorsque la plupart des machines à écrire à index, devenues obsolètes avec l’arrivée des machines à clavier, ont été forcées de quitter le marché, la Simplex a survécu en tant que jouet d’enfant. Cependant, il faut attendre 1930 pour que Thompson, à l’occasion d’un nouveau brevet, qualifie la Simplex de « machine à écrire jouet spécialement conçue pour les enfants ». La concurrence de Marx Toys et d’autres fabricants de machines à écrire pour enfants aura finalement raison de la Simplex qui disparaîtra à la fin des années 1930.
Dans sa première version, c’était une vraie machine à écrire destinée aux gens aux moyens modestes, elle coûtait 2,50 $ alors qu’une Remington coûtait 100 $. Elle produisait un beau travail malheureusement à un rythme très lent, vingt fois plus lent qu’une machine à clavier. En effet, la Simplex était simplement un appareil d’estampage avec un index rond en étain et une roue de caractères en caoutchouc montés en dessous. Sur la machine Simplex, les dactylographes utilisaient un pointeur pour choisir les lettres sur la roue de caractères, puis appuyaient pour imprimer.
A cadran et à cran
Les machines à écrire Simplex ont ensuite été fabriquées comme jouets avec plusieurs versions différentes. La version de type 1 présentée ici a été fabriquée en 1909. Elle ne comporte que des chiffres et des lettres majuscules, alors que le type 2 avait à la fois des majuscules et des minuscules. La machine pèse 420 gr. La base, en bois, mesure 21 x 11,5 cm. Elle dispose d’un cadran rotatif sur lequel figurent les chiffres et les lettres, la mention Special-1909- Simplex Typewriter Trade Mark, « 1 », le nom de l’entreprise et les mentions des différents brevets américains et étrangers. La peinture et les graphiques sont nets. Un papier d’époque avec des essais de frappe est encore dans la boîte d’origine qui, marquée Simplex Typewriter, est en bon état pour l’âge. En revanche le mécanisme est usagé : la pression sur les lettres ne fait pas avancer le chariot.
Au dos du couvercle se trouve le mode opératoire en anglais et français :
Pour imprimer et espacer : posez le doigt sur la clé de la lettre, amenez-la jusqu’au cran qui se trouve sur le rebord de la boite, puis appuyez dessus. Pour espacer, sans imprimer, appuyez sur la clé à espacer qui se trouve à la droite du cran.
La machine à écrire Junior
Cette petite machine à écrire d’enfant à index date des années 20. Elle a été fabriquée par Schmidt frères, fabricants de jouets dont l’usine était située à Stein près de Nuremberg, en Bavière. Les frères Schmidt ont commencé à fabriquer ces machines à écrire dans les années 1920. Leur logo GSN (Gebrüder-Schmidt Nuremberg) figure sur la machine au-dessus du clavier fictif. Elle est dans son coffret toujours muni de sa clé, entièrement en tôle peinte en noir. Son fonctionnement est tout simple : la feuille de papier de 3,5 pouces de largeur (soit 8,89 cm) est d’abord avancée dans le chariot. Un cylindre, avec des lettres majuscules et minuscules de l’alphabet anglais, est tourné manuellement à la lettre souhaitée. Un levier est enfoncé, ce qui fait avancer tout le chariot vers le cylindre, et la lettre est imprimée sur le papier avec un ruban de machine à écrire encré. Le clavier de la machine à écrire n’est qu’une illustration et les lettres ne sont pas en position standard de machine à écrire. En état d’usage, elle serait cependant fonctionnelle avec un ruban encreur.
Estimation : Ces jouets semblent assez rares. Leur évaluation oscille entre 50 et 150 €.
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