Un univers miniature
Dans un article précédent, nous avons décrit les dînettes qui donnaient l’illusion aux petites filles de recevoir comme maman leurs petites amies et leurs poupées. Les meubles de poupées participent du même désir qu’a la petite fille d’entourer sa poupée d’un environnement qui ressemble à celui qu’elle connaît chez ses parents et à mettre celle-ci dans une situation qui rappelle à l’enfant son univers quotidien.
Ce mobilier était parfois réalisé par un papa bricoleur. Mais le plus souvent, il était vendu dans les Grands magasins et présenté dans leurs nombreux catalogues d’étrennes imprimés dès la fin du 19e siècle. Beaucoup de ces meubles, reproductions en miniature, à l’échelle des poupées, étaient modestes et bon marché.
Dans ses meubles et comme chez soi
Voici , présentés ci-dessous, quelques modèles de notre collection.
— Un ensemble en pitchpin composé d’un lit et d’une commode à trois tiroirs façon bambou avec un dessus de marbre blanc. Sur la commode, on note un nécessaire de toilette en Vieux-Paris avec son broc, sa cuvette et son porte-savon. Sur le dessus de la commode on aperçoit une petite montre de poupée. Le lit possède toute sa garniture ancienne avec matelas, drap et oreiller brodé. Sur le lit deux déshabillés brodés de poupée. Au sol un vase de nuit en Choisy-le-Roi et une paire de sauts-de-lit pour poupée en basane. Au mur une gravure 19e avec portrait de femme, une couronne de communiante ancienne et un petit miroir de même époque avec son encadrement en métal bronzé orné d’un motif décoratif embouti. À noter, assise sur le lit, un bébé têteur de marque Bru à tête en biscuit datant de la fin du 19e siècle. Elle mesure 30cm, la tête est en biscuit coulé avec une bouche ouverte, des yeux dormeurs et des membres articulés.
— Une table de toilette façon bambou verni, avec un dessus de marbre blanc et un miroir basculant. Sur la table un nécessaire de toilette avec une cuvette, deux porte-savons en porcelaine à motif bleu, un miroir à main de poupée, deux petits peignes en bakélite, un nécessaire à ongle pour poupée, un flacon à parfum et une éponge.
— Une armoire à glace en pitchpin et bambou, avec un tiroir inférieur et un fronton à la grecque ornée de deux toupies en bois tourné et des pieds tournés. Elle est du même style que la table de toilette, constituant à elles deux un ensemble. L’armoire est présentée ici avec une poupée allemande de la marque G. Kuhlenz, haute de 30cm, à tête en biscuit coulé, corps en bois et vêtements d’origine, datant de 1890.
— Un fauteuil en bambou, avec accoudoirs et siège en paille tressée. Il est présenté avec un bébé caractère Simon & Halbig, marqué 126KR, taille 40 cm, datant de 1920, avec tête en biscuit, bouche ouverte, langue mobile, yeux riboulants, membres articulés et vêtements d’origine. Il tient dans ses bras une mignonnette d’origine allemande (H. 20 cm) avec une tête en biscuit coulé, des membres articulés, la bouche ouverte, les yeux dormeurs et des vêtements d’origine.
Les chefs-d’œuvres Diminutifs
Certains de ces meubles de poupées étaient très luxueux et raffinés, réalisés au 19e siècle par des professionnels, menuisiers ou ébénistes. On les nomme Diminutifs, véritables œuvres d’ébénisterie, souvent réalisées en bois précieux. Meubles de poupées, ils sont les témoins du luxe et de l’élégance caractéristiques du second Empire qui se répercutaient ainsi sur le monde enfantin, à vrai dire, réalisations pleines du charme de la vie bourgeoise d’autrefois. Mais attention, tous les meubles miniatures ne sont pas forcément destinés aux poupées. Certains sont des ouvrages de maîtrise réalisés par un apprenti ébéniste pour montrer son savoir-faire ; souvent confondus avec les meubles-jouets, ils s’en distinguent seulement par leur destination.
En voici présentés quelques modèles de ma collection.
— Une petite chaise en bois tourné verni noir, typique du style Napoléon III, avec siège couvert d’un velours vert d’époque et sa décoration de clous de tapissier en bronze.
— Un lit bateau de style Louis Philippe, en placage d’acajou avec un motif incrusté en bois teinté noir. Il a sa garniture et dispose d’un couvre-lit en toile de Jouy. Il est présenté ici avec une poupée en porcelaine émaillée d’origine allemande, dite “tête-buste”, datée de 1850. Les détails du visage sont d’un grand raffinement, mais la couleur de cette porcelaine est limitée du fait de la cuisson au grand feu qui détruit les pigments, à la différence des biscuits qui seront créés après 1861. Sa coiffure est moulée, ses yeux et sa bouche sont fermés. Elle porte ses vêtements d’époque.
— Une table de nuit à dessus de marbre blanc légèrement veiné, avec porte et tiroir. Elle est en placage d’acajou avec baguette décorative à motif de godrons et des pieds tournés. Elle est présentée avec un chandelier en verre soufflé et moulé, probablement de la manufacture de Portieux, et un service à café en porcelaine blanche à motif de fleurs roses.
— Une commode en placage d’acajou est de même style que la table de nuit. Elle dispose d’un dessus de marbre blanc légèrement veiné de bleu, et s’ouvre par quatre tiroirs. Ses pieds sont en bois tournés. Elle est présentée avec un bougeoir, pendant du précédent, et un service à café à décor japonais très typique du goût 1900.
Les meubles de cuisine
Pour être complet, n’oublions pas le mobilier de cuisine.
— Le buffet en bois fruitier à deux portes avec boutons en cuivre et deux étagères. Ses flancs sont élégamment découpés. Il est présenté avec un ensemble de pièces de vaisselle miniature pour poupées en terre cuite, d’origine provençale appelées Taraïettes.
— La cuisinière avec ses ronds de foyer, sa réserve d’eau chaude et son robinet, ses fours avec leurs portes en laiton très ornementées et son cendrier ainsi que sa rampe en cuivre pour y suspendre les accessoires de cuisine. Elle est en métal noirci, et repose sur des pieds en pattes de lion en bronze. Elle est chauffée par une lampe à alcool. Elle est présentée avec des ustensiles en cuivre : fait-tout, casseroles et poissonnière.
— Le mobilier de jardin en rotin trouvait sa place sur la terrasse, la véranda ou le jardin des demeures bourgeoises.
Estimations : Ces meubles, lit, armoire, commode, cuisinière se trouvent à des prix situés entre 100 et 150 €, voire au-delà pour les modèles les plus luxueux. Compter entre 20 et 40 € pour les meubles en rotin.
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