La magie lumineuse

Les jouets d’illusion 2

Le Kaléidoscope

Le Kaléidoscope, dont l’origine serait chinoise sous le nom de Tube aux mille fleurs, a été inventé en Europe, d’abord en Angleterre en 1814 par David Brewster, puis en France, en 1818, où il a fait l’objet du premier brevet d’invention déposé par Simon-Alphonse Giroux, sous le nom de « Transformateur », à la fois instrument pour les décorateurs-tapissiers et jouet.

Outil professionnel à l’origine

Le transformateur n’est pas un jouet. Il est fait d’un simple cylindre avec d’un côté un verre dépoli et de l’autre un œilleton muni d’une lentille, tandis qu’à l’intérieur il y a simplement deux ou trois miroirs placés en dièdre ou en triangle sans fragments colorés. Pour les dessinateurs de cachemire et autres étoffes, il est très utile à la création de nouveaux motifs décoratifs.

Transformateur pour la création de motifs sur tissus, L. 21,5 cm.

Extrapolé en jouet d’enfant

En revanche, le kaléidoscope est un jouet quand il est fait de telle manière qu’une petite chambre placée entre le verre dépoli et un verre intermédiaire transparent, contenant diverses petites perles de verre coloré ou des pastilles de couleur, y est aménagée à l’intérieur. Ces fragments, lors de la rotation lente du cylindre tenu horizontalement, se rassemblent à l’intersection des miroirs et ce regroupement, sans cesse renouvelé en motifs symétriques, crée des images changeantes, imprévisibles du plus merveilleux effet, semblables à celles données par certains chromatropes, dont nous avons donné un exemple dans notre notice sur les lanternes magiques.
D’emblée cette distraction enfantine, dont le nom formé de plusieurs racines grecques peut se traduire par “dont l’aspect est beau à regarder”, a été l’objet, de 1818 à 1822, d’un engouement extraordinaire, dont témoignent de nombreuses caricatures de l’époque, comme celle-ci extraite de L’Histoire des jouets d’Henri-René d’Allemagne. 

Un joujou prodigieux.

Sa fascination n’a jamais cessé depuis.

Pour toutes les bourses

Ce jouet dans sa forme la plus simple est constitué d’un simple cylindre.

Kaléidoscope basique, L. 20 cm, Ø 7 cm.

Mais il peut être plus luxueux comme celui-ci datant de la période victorienne, vers 1860, monté sur un pied en bois tourné et vernis, gainé de cuir avec ses objectifs en laiton.

Luxueux exemplaire, 25 x 9 29 cm.

Designoscope ou Symmetroscope

Un autre jouet, surtout connu en Grande-Bretagne et aux USA, est le Designoscope. Cette variété de kaléidoscope consiste en un tube de section triangulaire monté au-dessus d’un disque de couleur blanche faisant office de plateau tournant. Le Designoscope, appelé aussi Symmetroscope aux USA où il était fabriqué par American Symmetroscope Co, 47 Winter Street à Boston, produit des images évolutives de l’objet placé sur ce plateau tournant. Il suffit de disposer sur ce dernier des petits objets décoratifs comme des pétales de fleurs ou des bouts de laine multicolores et de regarder à travers l’ouverture au sommet de l’instrument, tout en tournant  le disque lentement vers la droite pour créer des motifs symétriques et changeants du plus bel effet. L’exemplaire présenté est complet avec sa boîte portant l’étiquette de Hamley’s, 202 Regent Street London W, “Le plus grand magasin de jouets du monde”, fondé en 1760 et toujours en activité. A l’envers du couvercle se trouve un mode d’emploi en anglais.

Le Designoscope des années 20, H. 23 cm, plateau blanc Ø 11 cm.

Estimation : un kaléidoscope se trouve aux alentours de 80 à 100 €. Le kaléidoscope d’époque victorienne monté sur un pied, assez rare, se négocie autour de 500 €. Pour le Designoscope, plutôt rare en France, compter environ 150 €, en Grande-Bretagne et aux USA.

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens