Poupée Limoges

Le sourire de la “Favorite”

Créer et résister pendant la guerre

Les services et objets d’art de la table sont les grandes spécialités des manufactures limougeaudes depuis la fin du 18e siècle. Toutefois, la pénurie de main d’œuvre et de matières premières durant la Grande Guerre conduisit certaines manufactures à fabriquer des petits sujets et des têtes de poupées. Cette production fut aussi un symbole de résistance patriotique sur le segment des têtes de poupées en porcelaine alors dominé par l’Allemagne.

La “Favorite” ou la relocalisation

Le porcelainier Lanternier fut de ceux-là. Ainsi, en 1915, créa-t-il la poupée “Favorite” issue d’un moule de caractère pour pallier les manques engendrés par la guerre. Il commercialisa le modèle “Favorite” jusqu’en 1920 environ. La tête, signée “Tasson”, est en réalité l’œuvre du sculpteur Edmée Masson. Les yeux, basculants ou non, sont en sulfure, frangés de cils fournis qui accentuent le joli regard. La bouche ouverte laisse apparaître quatre dents. Les oreilles sont percées. Le maquillage est appuyé avec des lèvres rouges et des joues colorées.

Le corps en composition, aux membres en bois articulés est de type SFBJ. Les tailles 10 à 15 étaient les plus communes pour ce modèle. La poupée présentée ici mesure 45 cm, soit une taille 7, une particularité qui en fait un exemplaire, sinon rare, du moins peu courant.

Maison Lanternier depuis 1863
Marquage A. Lanternier & Cie

François-Frédérique Lanternier fait construire un atelier de décoration de porcelaine à Limoges en 1863. Associé à M. Breuil, il reprend la fabrique de porcelaine Chabrol vers 1885. Avec son fils Alfred, il fonde la société Alfred Lanternier & Cie en 1890 date à laquelle il reprend la fabrique l’Enclos des Augustins. L’entreprise produit alors de la vaisselle en porcelaine blanche qui sera décorée dans ses propres ateliers. Les têtes de poupées ont été fabriquées durant la Grande Guerre.

Estimation : La cote sera fonction de l’état de la poupée et de ses habits. La taille est aussi un critère, les plus petites étant les plus rares. 250 à 500 €.

Martine Hermann

Biblio

“Les Poupées signées Limoges”, par Élisabeth Deconchat, Éditions du Dauphin, 2013.