Une brève histoire de la poupée
Première partie : le 19e siècle, l’âge d’or des poupées
Cet âge d’or s’explique par le fait que la société s’embourgeoisant et s’enrichissant, l’enfant devient le centre de la famille. Les poupées sont désormais fabriquées exclusivement pour les enfants et tout particulièrement pour l’éducation des petites filles, futures mamans et futures maîtresses de maison. Une autre explication réside dans le fait que la société s’industrialise et que les fabricants de jouets et de poupées les fabriquent et les commercialisent à plus grande échelle que dans les siècles précédents. Si, au début du siècle, ces poupées sont vendues dans les foires, très vite des magasins spécialisés, puis des grands magasins, vont voir le jour.
Pendant la première moitié du siècle, les poupées sont confectionnées avec des matériaux traditionnels.
En bois
L’usage du bois se poursuivra de 1800 à 1850 avec la fabrication, en Autriche, en Allemagne et dans les Alpes italiennes de poupées en bois, en particulier à Val Gardena.
En papier mâché
Le papier mâché, du fait de l’utilisation d’un moule, est un premier pas vers l’industrialisation. Produits principalement en Thuringe, à Sonneberg, ces poupées mesuraient de 12 à 100 cm. La tête était obtenue par application de feuilles de papier mâché dans des moules antérieur et postérieur. Les deux moitiés, une fois réunies et collées, étaient percées d’un trou au sommet pour appliquer la perruque et de deux autres trous pour y insérer des yeux de verre. Certaines avaient la bouche ouverte avec des dents de paille, de carton ou de bois. La tête et les épaules étaient montées d’une seule pièce sur des corps en peau ou en étoffe rembourrés. Ces poupées, plus fines que les précédentes, eurent un grand succès jusqu’en 1850.
En cire
L’usage de la cire est une vieille tradition pour réaliser des figurines religieuses, tout particulièrement en Italie. Certains artisans italiens, ayant émigré en Allemagne ou en Angleterre, vont utiliser leur savoir-faire pour confectionner des poupées qui auront un succès tout au long du 19e siècle. La délicatesse de la peau, tant par sa couleur que par son toucher, la perfection des physionomies, l’adjonction, à chaud, de cheveux dans la cire, l’utilisation d’yeux de verre expliquent ce succès. On mettait beaucoup de soin à la coloration du teint pour imiter la chair des enfants et à la confection des vêtements.
En porcelaine
La poupée, telle que nous la connaissons de nos jours, prend naissance en 1843, avec l’utilisation de la porcelaine, grâce au savoir-faire d’un porcelainier français, Jacob Petit. Cela coïncide avec l’industrialisation et la création des grands magasins, ce qui va contribuer à sa grande diffusion à laquelle contribueront les grandes expositions internationales.
Primitivement la tête était solidaire du buste et les cheveux moulés en porcelaine émaillée. C’est la poupée dite tête-buste, fabriquée en Allemagne vers 1850. Grâce à la malléabilité de la porcelaine, les détails du visage et de la coiffure sont d’un grand raffinement. Mais la couleur de cette porcelaine est limitée du fait de la cuisson au grand feu qui détruit les pigments. Ce n’est qu’en 1858 que l’articulation du cou sera brevetée.
Vers 1861, l’utilisation d’une porcelaine cuite deux fois va donner à ces poupées une délicatesse incomparable. Sous le nom de “biscuit”, le procédé se déroule en deux temps. Après le moulage, les deux parties de la tête sont réunies, puis séchées. Une première cuisson à très haute température est alors réalisée. Après refroidissement, les artisans procèdent à la coloration et au tracé des détails (cils, sourcils, lèvres). Un vernis satiné est ensuite appliqué avant la seconde cuisson à plus basse température.
A partir de 1890, le moulage par pressage sera remplacé par le moulage par coulage de mise en œuvre plus facile. Pour donner plus de réalisme à la physionomie, des yeux splendides en verre soufflé sont implantés dans les orbites, des perruques, d’abord en mohair, puis, à partir de 1900, en cheveux naturels, sont fixées sur la calotte crânienne. La beauté, la délicatesse du teint, l’expression idéalisée se retrouvent dans les créations des plus célèbres fabricants comme Jumeau, Steiner, Bru.
Progressivement, à partir de 1861, les membres s’articuleront grâce à des systèmes de plus en plus élaborés. La bouche, d’abord fermée, s’ouvrira sur des dents en paille, vers la fin du siècle. Les progrès conduiront à la production de poupées qui marchent, parlent ou tètent à la fin des années 1900.
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