En classe confort
Dès les temps les plus reculés les bébés et les enfants ont été transportés dans de simples véhicules à roues, sortes de chariots, dont on trouve déjà référence dans certaine gravures datant du XIVe siècle. En effet ces véhicules, souvent tirés par une flèche de traction qui se terminait par un manche en croix en bois ordinaire, étaient également fabriqués en miniature, et, dans plusieurs estampes anciennes, ils sont considérés comme des jouets, utilisés soit dans la chambre d’enfant, soit à l’extérieur. En témoigne cette gravure du XVIIe siècle extraite des Jeux d’enfant de Claudine Stella-Bouzonnet (1636-1697). Elle évoque le jeu de volant mais au premier plan des enfants tirent un chariot transportant des poupées.
Berceaux, voitures, charrettes et chaises roulantes
Des berceaux en forme de panier sur roues sont également visibles dans les gravures d’enfants jouant avec leurs poupées à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Ceux-ci étaient manifestement destinés à être tirés par une corde, une sangle ou par une flèche.
Mais c’est surtout au XIXe siècle que les voitures de poupée se généralisent. On en trouve de multiples références dans les catalogues d’étrennes de l’époque. Il existait à Paris, à la fin du siècle, une dizaine de manufactures de voitures d’enfant et de poupée de toutes sortes : Chaillou, rue des Amandier, Passerat, rue du Temple, Quinqueton, rue de la Verrerie ou Duhotoy, rue Saint-Maur dont on voit ci-dessous une publicité dans l’Annuaire des jeux de 1897.
Ces véhicules de poupée étaient soit des charrettes anglaises en bois comme sur cette photographie d’époque ou ce jouet animé Roullet-Decamps de ma collection (Voir Les automates Roullet-Decamps), soit des landaus beaucoup plus luxueux.
Plus rarement, semble-t-il, on trouve des véhicules en bois plus simples. Ils sont nommés voitures chaises roulantes. Il en passe parfois un exemplaire en salle des ventes. Surtout, un tel véhicule est signalé dans l’Encyclopedia of Toys de Constance Eileen King (1985). Il est daté de l’époque edwardienne (1901-1910), donc au début du XXe siècle.
Notre exemplaire est manifestement de la même époque. Il s’agit d’une chaise roulante et pliante à pousser en bois munie de quatre roues de fer, d’un siège en toile cloué sur le châssis de la chaise et d’un repose pieds. Elle est en parfait état.
Les rares traîneaux de poupée
La luge de poupée que nous présentons ici est de la même époque. C’est un jouet qui semble rare, tout au moins en France. Je n’en ai trouvé aucune référence dans les catalogues d’étrennes de cette époque, bien que l’on sache qu’aux alentours de 1900 le temps était plus froid que de nos jours, les hivers de 1870 à 1894 ayant été particulièrement rigoureux. Il neigeait et les étangs et bassins étaient souvent gelés ; ne faisait-on pas du patinage sur les étangs glacés du Bois de Boulogne ? Mais ces traîneaux devaient se trouver plus couramment dans les pays d’Europe centrale ou du nord. C’est ce que montre cette photo prise au musée du jouet de Nuremberg (L’Estampille n° 164 d’octobre 1983) avec cette luge de poupée à pousser, très proche de la nôtre, datant de 1880.
Notre traîneau à pousser, dont on en ignore le fabricant, est composé d’une corbeille en osier tressé de couleur grise et d’une armature en fer rivetée et non soudée en forme de volutes élégantes peintes en noir avec un manche en bois tourné. Le tout est en parfait état. Il mesure 51 cm de long, 23 cm de large et 35 cm de hauteur.
Estimation : Il est difficile d’estimer la valeur de ces deux véhicules de poupées du fait de leur originalité. Comptons environ 300 € pour la chaise roulante et 400 à 500 € pour le traîneau.
Claude Lamboley
Collectionneur de jouets anciens