JEP à l’apogée
Cette Rolls-Royce illustre à elle seule tout le savoir-faire de JEP. Elle a été construite entre 1927 et 1934, soit durant la période la plus créative et prolifique de la firme de Montreuil. C’est en effet entre les deux guerres que JdeP (Le Jouet de Paris), qui deviendra JEP en 1929, accède au premier rang des manufactures de jouets en tôle françaises et connaît son âge d’or.
Légendaire Rolls-Royce Phantom
En 1926, Rolls annonce la sortie de la Phantom 1 pour succéder à la Silver Ghost, un modèle produit depuis 1907 qui consacra la réputation du constructeur britannique. La première mouture fut améliorée, réalésée et remplacée en 1930 par la Phantom II “la meilleure que la firme ait jamais construite”, selon l’auteur Ralph Stein (Voir biblio). Avec ces automobiles de prestige Rolls-Royce était prêt à relever le gant et soutenir la concurrence des plus grandes marques de son temps. Parmi celles-ci, Hispano-Suiza tenait le haut du pavé. JdeP ne s’y est pas trompé qui reproduisit les deux.
Un jouet “Grand luxe”
Avec ses 52 cm de long, la Rolls torpédo est la plus grande et la plus aboutie des automobiles conçues par JEP. Elle est dotée de tous les détails qui en font un jouet d’exception. La carrosserie est bicolore beige avec le bas de caisse et les ailes rouges. Un filet rouge souligne les portières et le jantes de roues. En début de production, elle était finie en vert bouteille et noir.
Avec chauffeur en livrée
L’imposante calandre qui fait office de radiateur est frappée du monogramme de la marque. L’éclairage électrique est assuré par deux petites ampoules logées dans les optiques rondes. Le chauffeur en plâtre et farine peint porte un uniforme bicolore et des gants assortis à la visière de sa casquette. Ses bras articulés lui permettent de s’accouder nonchalamment à la portière. Contrairement à l’Hispano-Suiza dont le bouchon de radiateur agrémenté de la cigogne avait bien été reproduit, JEP ne dota pas sa Rolls de la célèbre mascotte Spirit of Ecstasy.
Toutes options
Le torpédo est équipé d’un pare-brise conducteur vitré et amovible et, plus surprenant, d’un autre également vitré avec rabats latéraux destiné à protéger les passagers. Ne manquent ni les vide-poches, ni la malle arrière, ni la roue de secours, ni l’avertisseur. Les deux plaques portent l’immatriculation 7395-JdeP, référence du modèle. Les pneus Dunlop sont en caoutchouc.
Le moteur d’horlogerie en détail
La Rolls embarque un puissant moteur mécanique, avec arbre de transmission et pont oscillant formant différentiel sur les roues arrière. Direction avec crémaillère et cardans, freinage moteur. La marche avant/arrière se fait par levier. La suspension arrière est fonctionnelle. Grâce à de performants ressorts amortisseurs, le pare-choc avant garantissait l’intégrité de la carrosserie en cas chocs. Sachant qu’avec son poids, l’inertie de la voiture pouvait déjouer toutes les prévisions.
Estimation : La Rolls-Royce JEP est un jouet exceptionnel et rare. Dans l’état de l’exemplaire présenté ici, elle se négocie entre 3000 et 4000 €.
Biblio
JEP, Le Jouet de Paris, par Clive Lamming, Adrien Maeght Éditeur, Paris 1988.
Automobile, par Ralf Stein, Éditions Flammarion, 1967.
Martine Hermann et Giuseppe Scarani
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