La magie lumineuse

Les jouets d’illusion 4

Le Stéréoscope

Le stéréoscope qui exploite le principe de la vision binoculaire connu depuis longtemps, a été inventé par le physicien anglais Charles Wheatsone, en 1838. Le principe en a été amélioré, en 1844, par Sir David Brewster. Négligé en Angleterre, le stéréoscope fut construit en France dès 1850, puis fit fureur quand la reine Victoria s’y intéressa pour ses enfants, un an plus tard. Distraction de salon, il devint jouet, les images dessinées étant avantageusement remplacées par des photographies. Il en existe de plusieurs variétés.

Le stéréoscope mexicain

Le stéréoscope de Holmes, appelé aussi stéréoscope mexicain, date des années 1850 à 1900. Il était destiné à l’observation des cartes stéréoscopiques. Il comprenait deux lentilles prismatiques insérées dans une visière caractéristique, en bois ou en métal, ainsi qu’un support en bois pour tenir la carte stéréo. Un manche, à la partie inférieure, facilitait la préhension de l’ensemble. Ce type de stéréoscope restera en fabrication durant un siècle.

Stéréoscope de Holmes.

Le stéréoscope, une invention anglaise

Le stéréoscope de Brewster est une amélioration par son inventeur, sir David Brewster, du stéréoscope initial de Wheatstone, qui comportait deux miroirs à 90° renvoyant latéralement le regard vers deux dessins stéréoscopiques spécialement préparés. Il eut l’idée de substituer aux miroirs des lentilles, prismatiques ou non, suivant le format des vues à observer. Le stéréoscope a pris alors l’aspect que nous lui connaissons encore aujourd’hui : un boîtier en ébénisterie, en général en ronce de noyer, avec deux oculaires munis de deux demi-lentilles devant lesquelles on place les yeux. Sur le dessus de l’objet, une petite fenêtre vient éclairer les dessins ou photographies stéréoscopiques glissées à l’arrière de la boîte. Lorsque l’utilisateur place ses yeux sur l’appareil, les lentilles agissent comme des loupes et produisent l’effet de réfraction de chaque image facilitant ainsi pour le cerveau la sensation de profondeur et de relief.

Le stéréoscope de Brewster.

Quand l’image prend du relief

Ces appareils permettaient de voir en relief des cartes stéréoscopiques faites d’un cadre en carton de couleur souvent finement décoré qui entourait deux photos albuminées noir et blanc parfois percées de petits trous pour laisser passer la lumière, au verso desquelles étaient apposées différentes zones colorisées. Le tout était doublé d’une fine couche de papier de soie pour limiter le rétro-éclairage et entouré d’une bordure de carton aux décorations multiples avec les initiales de l’éditeur. Ces cartes étaient fournies dans de petits étuis en carton portant les initiales de l’éditeur, la liste des sujets traités et le titre de l’histoire racontée en relief. Les scènes étaient parfois réalisées en dessin sinon en sculpture ou avec des comédiens, puis photographiées. L’exemple qui est montré a été édité par Jules Alexandre Marinier (JM) (1823-1896) qui commercialisait Le Théâtre chez soi avec des photos illustrant des opéras bouffes, des fééries, des ballets, des pièces scientifiques et des contes et légendes.

La Belle au bois dormant, Éditions JM.

Il y a eu à Paris d’autres éditeurs comme Pierre Lefort (1804-1880) ou Adolphe Block (1829-1915) qui signait BK.

Extrait du catalogue d’étrennes de la Samaritaine de 1890.

View-Master des années 1960

La visionneuse View-Master est un stéréoscope plus modeste, bon marché, souvent tout en plastique, y compris les lentilles, et dépourvu d’éclairage. Commercialisée dès la fin des années 1930 par la société Sawyer’s Photo Services, elle permettait de visionner des images en stéréoscopie, à partir de disques cartonnés portant sept paires de diapositives stéréoscopiques. Il s’agit, à partir de 1966, le plus souvent de jouets, offrant des prises de vues pouvant intéresser les enfants (dessins animés, contes, ou thèmes éducatifs : châteaux de la Loire, grotte de Lascaux, paysages, etc.) Le View-Master a été d’abord produit en bakélite noir, à ses débuts, puis dans un plastique plus léger, avec une grande variété de formes et de couleurs, notamment en rouge. L’utilisateur actionne une gâchette sur le côté de la visionneuse pour faire tourner le disque, et passer d’un cliché à l’autre. Il est nécessaire de regarder à travers l’appareil en direction d’une source de lumière, pour que les images soient correctement visibles.

Une visionneuse largement distribuée dans les années 60 et 70.

Sous licence, il était commercialisé par Bruguière, accompagné de cartons stéréo illustant des thèmes très populaires dans les années 60 : Pépin la Bulle, le Manège enchanté, Mary Poppins

Estimation : Les stéréoscopes de Holmes ou de Brewster se trouvent aux alentours de 80 à 150 €. Les boîtes de vues stéréoscopiques sont vendues environ 100 € pièce. Les visionneuses View Master des années 60 se trouvent entre 25 et 30 €.

Claude Lamboley

Collectionneur de jouets anciens