L’image en mouvement
Dans le courant du 19e siècle, des automates à sable ont été fabriqués pour le plus grand émerveillement des enfants. C’était une image animée, bien avant l’invention du cinéma. Ces automates avaient la forme d’une boite ouverte laissant voir un sujet découpé, lithographié, parfois gouaché, dont certaines parties étaient mises en mouvement. Cela évoque un de ces automates fabriqués à la même époque par Vichy, Bontemps ou Roullet-Decamps. Mais à la différence de ces derniers, les fabricants sont ici le plus souvent anonymes. L’un d’eux pourtant est connu, l’horloger X.P. Tharin sis rue du Temple à Paris, inventeur en 1852 des tharinières, petits tableaux mécaniques à sable.
Des mécanismes fragiles
Surtout, alors que dans ces automates, c’est un mécanisme d’horlogerie remonté par une clé qui anime le sujet, ici, ce mécanisme est plus modeste et de ce fait plus vulnérable : une roue à aube en carton mobilisée par un écoulement de sable contenu dans un petit réservoir situé en haut de la boîte qui met en branle, à l’aide de fils de fer, les parties mobiles de la scène représentée. Du fait de leur fragilité, peu d’entre eux sont arrivés jusqu’à nous. On en voit rarement passer en salle des ventes, représentant par exemple une cuisinière s’activant dans sa cuisine, un rémouleur, des singes musiciens ou un menuisier dans son atelier.
L’imagerie d’Épinal
Pellerin, à Épinal, a édité des images “Grandes constructions” figurant des sujets à découper et à monter sous forme d’automates à sable, comme la “Grande cascade” (n° 539), le “Bûcheron” (n° 538) ou “l’Incendie” (n° 548) représenté ici.
Diversité de l’inspiration
L’automate à sable, présenté ici est une boite en carton de 25 x 20 x 8 cm. Le sujet figuré est une religieuse de Saint-Vincent-de-Paul, qui enseigne la lecture à une petite fille assise sur sa chaise, ânonnant son texte en secouant sa tête ; de l’autre main elle remue un berceau. Le logement est misérable et par la porte ouverte de la chambre on aperçoit la maman, malade au fond de son lit. On accède au mécanisme par une petite porte découpée sur la façade arrière. Sur celle-ci est collée une étiquette qui donne le mode d’emploi. Il suffit d’effectuer lentement un tour complet de la boite dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour que le sable collecté à la partie inférieure passe à la partie supérieure et s’écoule en faisant tourner la roue.
Une fabrication d’origine inconnue
Nous n’avons aucune indication du fabricant. À l’intérieur est collée une étiquette portant, écrit à la main, le nom de Calvayrac Jean, horloger à Nîmes, 1934, probablement le nom du restaurateur. L’intérieur est tapissé par une coupure de presse faisant état de barricades et d’insurgés. L’allusion à des événements révolutionnaires parisiens et la typographie situent cet objet dans le courant du 19e siècle.
Collectionneur de jouets anciens
Estimation : Ce jouet a été acheté en salle des ventes en 1995 pour la somme de 1100 francs. Un exemplaire plus grand, avec plusieurs personnages et six mouvements, s’est vendu 1800 €. Des automates plus simples, avec deux mouvements, comme celui présenté ici, se vendent entre 500 et 800 €.
Les images d’Épinal de la série “Grandes constructions” se trouvent pour 15 à 20 €.