Poupée SFBJ

Une fillette Unis-France

Nous avons eu l’occasion de raconter dans une notice précédente la création de la Société Française de Fabrication de Bébés et Jouets (SFBJ) le 14 mars 1899. Les initiateurs en étaient MM. Fleischmann et Bloedel, originaires de Fürth en Bavière, actifs à Paris depuis 1893 avec « Éden bébé », les autres actionnaires fondateurs étant, Adolphe Bouchet, 21 et 26, rue Cauchy qui apportait le « Bébé Géant », les frères Gaultier, 25 rue des Épinettes, propriétaires d’un fonds de commerce d’articles en porcelaine, Émile-Louis Genty, rue des Archives qui apportait le « Bébé de Paris », Paul Girard, 9 Boulevard Saint-Denis, qui apportait le « Bébé Bru » (Lire Un bébé téteur), Alphonse-Benoit Gobert, 186 bis rue d’Alesia qui apportait le « Bébé Colosse », M. et M^me Jumeau, 67, Boulevard Beaumarchais, pour le « Bébé Jumeau », la Société Pintel et Godchaux, 6 Avenue du Trône connue pour le « Bébé charmant », Arthur Wertheimer, 27 rue Pastourelle apportant le « Baby » et M. Frédéric Remignard, créateur du « Petit Chérubin » (Lire Le petit Chérubin). Tous avaient leur entreprise d’origine à Paris.
À ces fondateurs, s’étaient associés, le 27 août 1906, MM. Bernheim et Kahn de Paris, le 23 juillet 1912, la société La Parisienne de Paris et le 2 février 1917 MM. Dammerval frères et Laffranchy de Montreuil-sous-Bois.

Bébé Jumeau, Eden Bébé, Bébé Bru, etc., etc.

Nous possédons une facture de cette célèbre entreprise sise 8 rue Pastourelle datant de 1911 avec les mentions des prix reçus à cette date.

La marque est connue en particulier pour la confection d’une poupée devenue très collectionnée, car témoin de son époque, la poupée Bleuette réalisée, en 1905, à la demande des éditions Gautier-Languereau éditeur de la Semaine de Suzette, pour le lancement du journal. Cette poupée entièrement articulée mesurait 27 puis 29 cm.
À partir de 1916, la marque Unis-France apparaît gravée sur la nuque des poupées SFBJ. Ce sigle est une marque collective déposée le 29 janvier 1916, qui signifie simplement que le produit ou l’objet la portant est français, produit en France par des industriels ou des commerciaux français de naissance ou naturalisés depuis de nombreuses années. Cette marque est généralement accompagnée de nombres. Celui de gauche indique le numéro du syndicat professionnel, celui de droite le numéro du fabricant au sein du syndicat. Ces nombres sont obligatoires. Dans la majorité des cas, les poupées dites « Unis-France » sont des poupées fabriquées par la SFBJ. Celles-ci portent le nombre 71 qui correspond au numéro du syndicat du jouet, et à droite le numéro 149 qui correspond à celui de la SFBJ. Entre les deux le numéro est celui du modèle de la tête de la poupée.
La marque avait été constituée, à l’origine, pour une durée de 75 ans prorogée de 99 ans à l’assemblée générale extraordinaire du 12 décembre 1941, soit jusqu’au 12 décembre 2040. Malgré une augmentation de son capital décidée lors d’une assemblée générale du 21 octobre 1952, publiée dans le Bulletin des annonces légales obligatoires du 3 novembre 1952, elle disparaîtra en 1957.

Une poupée Unis-France

Le modèle que nous présentons dans cette notice est une poupée SFBJ. Sur sa nuque est gravé dans un ovale le sigle Unis-France, de part et d’autre on devine à gauche le numéro 71, à droite à peine visible le numéro 149 qui correspond à celui de la SFBJ. Sous l’ovale est gravé le chiffre 301 qui est typique avec le numéro 60 des têtes de poupées de sexe féminin de la SFBJ. Ce sont là les modèles de têtes les plus emblématiques de la marque. À la base du cou on voit le chiffre 3 correspondant à une taille de 31 cm.

La tête en biscuit est légèrement mobile, la bouche est entrouverte et laisse voir quatre dents, les grands yeux sont dormeurs, de couleur bleu, avec des sourcils finement dessinés et des cils longs. Les oreilles ne sont pas percées. La perruque fixée à la coiffe en forme de bonnet de couleur rose est faite en cheveux naturels. Le corps et les membres en bois tourné sont articulés aux épaules, hanches, coudes, genoux et poignets. Les doigts sont finement sculptés.
Les vêtements sont d’origine : outre le chapeau, une chemise, une culotte en coton, une robe bras nus, s’arrêtant à mi-jambe de couleur bleu à motifs triangulaires blancs, une cape rouge dont la bordure est gansée, des socquettes blanches en coton et des chaussures noires en basane. L’ensemble évoque la mode des années 30.

Biblio

Claude Lamboley
Collectionneur de jouets anciens