Les baleines mécaniques

Double-page du livre Geishi consacré aux baleines de 1794.

Qui donc peut avoir l’idée de concevoir un jouet mécanique en fer blanc en forme de baleine ? Sans nul doute les grands chasseurs de mammifères marins que sont les Japonais par tradition ancestrale. Pas moins de cinq fabricants de jouets nippons s’y sont essayé dans les années 1950-60. Aucune référence cependant à Moby-Dick et au capitaine Achab !

Cinq fabricants japonais

• Cragstan Corporation
La société Caragstan, importatrice de jouets de fabrication japonaise aux USA, est particulièrement réputée pour ses jouets en tôle mécaniques à plusieurs mouvements. Mechanical Mammal Of The Sea (Mammifère mécanique des mers en français) en est une illustration. La baleine noire avance sur le sol, toutes dents dehors, prête à croquer le petit poisson.

Un moteur à ressort anime cette féroce baleine, L. 16,5 cm.

• Daito

Ce fabricant, spécialiste des jouets en tôle à friction, a décliné la baleine en plusieurs versions. La première, dite Whale With Blowing (baleine soufflante en français) est équipée d’une hélice et d’un gouvernail qui lui permettent de nager. Le remontoir prend la forme d’une manivelle placée sur la tête du mammifère. L’orifice situé entre les deux yeux laisse échapper le jet d’eau qui n’est pas le moindre des attraits de ce jouet.

Une baleine équipée pour évoluer dans son élément, L. 28 cm.
L’illustration d’un baleinier sur la boîte laisse peu de doute sur la destination finale de la baleine dans la réalité.
Daito, version de la baleine à hélice de 1965.

• Komoda Shoten

L’entreprise tokyoïte dont le sigle est KKS a créé une baleine à piles qui pouvait fonctionner dans le bain, la piscine ou un lac d’après les mentions sur la boîte. Des piles alimentent les battements de la queue du cétacé et propulsent les jets d’eau depuis le petit tube placé entre les yeux. Des capacités qui lui valent son nom de Water Spouting Whale With Flopping Tail (Baleine avec une queue battante qui souffle de l’eau en français.)

Battery Toy avec queue mobile et système de jet d’eau.

Pour le marché américain, ce jouet était diffusé par l’importateur distributeur de jouets japonais Frankonia sous le curieux nom de Dip-ie The Whale.

La baleine KKS baptisée Dip-ie pour les USA.

Tokyo Plaything ShokaiTPS

Comme à son habitude, TPS mise sur la fantaisie en proposant un singe qui pêche sur les baleines, Fishing Monkey On Whales. Le moteur à ressort actionne les poissons d’avant en arrière comme s’ils résistaient à la ligne de pêche du singe.

TPS, jouet mécanique du début des années 1960, L. 22 cm.

YoshiyaKO

Yoshiya rivalise d’imagination en produisant une baleine nommée Billy The Ball Blowing Whale mécanique, magique et soufflante. Elle propulse une balle légère qui se maintient en lévitation. La boîte porte le double logo KO de Yoshiya dans un losange et celui de Frankonia attestant de la qualité du jouet.

Yoshiya, Billy la baleine, L. 17,8 cm.
L’otarie au ballon, logo de Frankonia.

Réputé pour sa production de robots et jouets de l’espace, Yoshiya n’a pas résisté à l’engouement national pour le mammifère marin et conçut en 1957 une improbable baleine spatiale mécanique émettant des étincelles. Décliné à l’origine en plusieurs couleurs, noir, rouge ou jaune, ce jouet à été réédité dans les années 1990 par le Chinois Maexu St-John.

KO, baleine vaisseau spatial, yeux et mâchoire mobiles et antennes, L. 23 cm.

Estimation : Ces jouets sont assez rares et recherchés. Ils se négocient plusieurs centaines d’euros en bon état.

Bernard Gloux
Collectionneur