Les jouets volants

Pour se sentir pousser des ailes

Part 1. : L’Aérien

Voler est un rêve très ancien. Au début du siècle dernier, on en rêvait au point de se faire photographier dans un aéroplane fictif comme dans ce souvenir familial. Icare dans la mythologie grecque en est la première victime. Léonard de Vinci, Cyrano de Bergerac et d’autres encore ont bien imaginé des machines volantes, mais ils ne les ont jamais réalisées. Il faut attendre la fin du 18e siècle, avec les frères Montgolfier et Étienne Gaspard Robertson qui montera à 7280 m d’altitude à l’aide d’un ballon gonflé d’hydrogène, pour que le rêve se réalise.

Lorsque les jouets anticipent la réalité

Alors qu’il a fallu attendre les sauts de puce de Clément Ader, en 1890, des frères Wright en 1903, de Blériot en 1909 et de Lindbergh en 1927, des petits inventeurs, stimulés dès 1902 par le Concours Lépine, vont concevoir des jouets volants qui fonctionneront grâce à l’invention de l’élastique torsadé par Alphonse Pénaud, en 1870.

Le supplément de 1910 de la revue Nature.

“L’Aérien”, un drôle d’oiseau

“L’Aérien”, l’un des jouets présentés ci-dessus, intègre aujourd’hui ma collection.

Cet aéroplane-jouet est décrit comme “un hélicoptère nouveau et curieux”. D’une longueur de 90 cm, son châssis est constitué par deux baguettes plates assemblées en fuseau long et étroit à l’intérieur duquel est placé le caoutchouc moteur. Ce fuseau se prolonge à l’avant par une simple tige dans laquelle sont engagées deux petites ailes en tissu. À l’arrière, le fuseau avec deux ailes semblables mais plus grandes, se termine par une hélice propulsive actionnée directement par l’élastique. Quand on lance l’aéroplane, l’hélice en arrière le pousse en avant, tandis que la rotation des deux paires d’ailes permet au jouet de se maintenir en équilibre et de voler “malgré le vent”.

L’exemplaire présenté est en parfait état à l’exception du moteur élastique dont les fibres se sont durcies et rompues avec le temps. La boîte est en état d’usage avec des traces d’humidité. Elle porte une étiquette précisant que “L’Aérien est un aéroplane à ailes rotatives, breveté S.G.D.G. C’est le seul aéroplane-jouet volant malgré le vent”. Un mode d’emploi est collé au revers du couvercle. Ni l’étiquette ni la revue Nature ne nous renseignent sur le nom du fabricant.

Estimation : on peut supposer que la fabrication de ce jouet a été limitée, il est donc de nos jours très rare et son évaluation de fait difficile, probablement autour de 150 €.

Claude Lamboley