Les soldats et sujets en plomb
La tradition veut que Lucotte ait réalisé dès le 18e siècle des soldats en ronde bosse et demi-ronde bosse, avec pour symbole une abeille impériale suivie des lettres LC, et qu’il ait été racheté par CBG. En fait, comme le précise François Theimer l’expert bien connu, Charles Lucotte est né en 1826 et la marque LC avec l’abeille n’a été déposée qu’en 1902 par le gendre de Charles Lucotte, P. Courtes.
La longue histoire de soldats d’exception
Comme on le voit sur cette publicité, l’enseigne du magasin, installé au 37 quater de la rue des Saints-Pères, était “Au plat d’étain”. À l’origine, il s’agissait d’une fabrique de poterie d’étain, comme le souligne ce catalogue, fondée entre 1770 et 1790, travaillant pour les hôpitaux, les communautés religieuses ou les maisons d’éducation. Sur les boîtes anciennes des figurines Lucotte, le début de l’entreprise est datée de 1840, date à laquelle celle-ci commença à commercialiser des soldats de plomb des marques allemandes Heinrichsen et Allgeyer. Ce n’est qu’à partir de 1885 que Charles Lucotte va développer ses propres figurines et créer des boîtes de soldats de plomb, des cavaliers et de l’infanterie, se spécialisant dans les petits sujets.
En 1913, P. Courtes céda son entreprise à Marguerite Margat et au peintre J. Vasquez, lesquels revendent Lucotte en 1928 à la société CBG, absorbée quelques années auparavant par Henri Mignot, le successeur de la Maison Gerbeau.
Selon les indications que donne le catalogue figuré plus haut, ces figurines en ronde bosse, dites “soldats massifs”, étaient produites en trois tailles : les fantassins de 32 mm, en boîte de 24 et des cavaliers de 40 mm, en boîte de 12 ; les fantassins de 40 mm, en boîte de 24 ; les cavaliers de 50 mm, en boîte de 12 ; les fantassins de 55 mm, en boîte de 18 et des cavaliers de 75 mm en boîte de 6.
Ci-dessus, une boîte Lucotte fabriquée entre 1885 et 1902. Elle a été achetée en 1984 chez Robert Capia (1932-2012), l’antiquaire spécialiste passionné de jouets, poupées et automates, auteur de nombreux ouvrages traitant des poupées et des jouets anciens, qui tenait boutique Passage Vérot-Dodat, à Paris. Il avait, en 1981, publié une petite plaquette consacré aux jouets anciens et cette boîte y est photographiée.
Sur le couvercle de la boîte, il est bien noté que la maison a été créée en 1840 et qu’il s’agit d’une fabrique générale de poterie d’étain. Elle est marquée “Musique Française” et contient huit musiciens jouant de la trompette sur leur cheval au trot. Elle est donc hélas incomplète.
Elle contenait en plus douze cuirassiers de même taille, sabre au clair. Le tout en bon état avec quelques manques du fait de leur ancienneté et de leur fragilité. Malgré leur petite taille, toutes les figurines sont amovibles, pouvant “descendre” de leur cheval, et finement peintes.
Estimation : Les figurines Lucotte ont été produites en nombre limité. D’après l’expert François Theimer, elles sont donc plus rares et plus recherchées que celles de CBG. Une boîte complète, est toujours plus prisée que des figurines en vrac.
Collectionneur de jouets anciens
Biblio
Catalogue des collectionneurs Lucotte.
A consulter ici.
“Les jouets anciens”, par Robert Capia, Éditions Ouest-France, 1981.