Le style et l’élégance Trix
Bing fut le premier industriel européen à miniaturiser le 0. Dès 1921, la firme allemande produit des modèles destinés à circuler sur des voies de 16,5 mm d’écartement faisant naître ainsi le 00. Il faudra toutefois attendre le milieu des années 1930 pour que cette nouvelle échelle trouve son public. L’entreprise Trix, dirigée par Stephan Bing, se lance dans l’aventure en 1935, avant même Märklin qui lui emboîtera rapidement le pas. Dès lors, l’avenir du 16,5 mm s’affirme, se développe et connaîtra le succès que l’on sait.
Trix s’implante en France
Trix confie la branche française de ses activités à Gobin-Daudé SA dès 1932. Cette entreprise spécialisée dans la fonte, l’estampage et la découpe du métal, devient l’importateur, l’agent, le fabricant et l’assembleur du matériel Trix en France. Gobin-Daudé, également chargé de la prise des brevets, dispose de deux adresses dans le 3e arrondissement de Paris. Au 29 du boulevard St-Martin se trouvent les bureaux Trix et au 19 de la rue Béranger les ateliers.
Une architecture de style Art déco
La gare présentée ici est un bel et rare exemple réalisé sous l’égide de Gobin-Daudé en 1938. Elle fut fabriquée jusqu’en 1945/46 en très petit nombre du fait des restrictions de guerre. Entièrement en bois collé et cloué, elle est parfaitement représentative de l’architecture des édifices publics de son époque.
Un ensemble complet en détail
La gare comprend un bâtiment central, huit quais et une salle d’attente. Le tout pour une longueur impressionnante de 1 m 20, correspondant à l’échelle du 1/87e. Tous les éléments sont composés d’une plate-forme en contreplaqué reposant sur des tasseaux en bois blanc peints. Le bâtiment central, collé sur ce socle, comprend un hall d’entrée desservi par un grand escalier en façade. De chaque côté se trouvent les deux annexes dont l’une fait office de guichets. Celle de gauche est flanquée de la tour de l’horloge. Deux petits jardins ceints de murets surmontés de treillis métallique agrémentent chacun des côtés de la gare. Les pelouses sont simulées par un flocage vert. Pour parfaire le réalisme, un bassin a même été aménagé au pied de la tour.
Vitrages, auvent, verrière
Toutes les parties vitrées sont en rhodoïd épais et rigide de très bonne qualité. A noter que la tampographie sur le rhodoïd était de couleur rouge pour les gares Trix de fabrication française et bleu (plus rarement rouge très vif) pour celles construites en Angleterre. Partout les vitres amovibles sont glissées et maintenues dans des rainures prévues dans les encadrements. Le rhodoïd couvrant la verrière, du fait de son cintrage, est maintenu par deux tiges en fer.
Toutes les options
Côté quais, l’auvent court tout le long du bâtiment central. Deux lampadaires éclairent les abords du hall de gare. Sur huit des modules, le mobilier se compose de bancs dos à dos surmontés d’un poteau indicateur de la station “Clairbourg”. Des rampes sont aménagées en bouts de quais pour l’accès d’éventuels chariots de gare.
Le quai d’attente, coiffé d’un auvent, repose sur un socle de même longueur que celui du bâtiment principal.
Grandes illuminations
Trois sources assurent l’éclairage de la gare : une rampe lumineuse dans le hall (ampoule allongée de 14 V), une ampoule pour la tour et l’horloge (ampoule ronde) et deux réverbères de quais (petits tubes), reliées au réseau par une prise située sur le socle.
N.-B. : J’ai écrit cet article en 2006. Il est paru dans le N° 122 de feu le magazine “La Vie du jouet”. Puis, il a été repris et traduit en anglais pour le N° 125 (décembre 2006) de “Gazette”, périodique britannique de la Trix Twin Railway Collectors Association. Cette exceptionnelle Gare de Clairbourg méritait bien ici une réédition en forme d’hommage à Jean-Claude Wattinne, collectionneur de jouets anciens.