Jouets de l’espace

En Amérique du Sud

Au cours des années 1950, les changements culturels d’après-guerre ont introduit la science-fiction à travers les bandes dessinées, les films et les jouets. L’Age de l’Espace est devenu très présent dans l’imaginaire des enfants et des adultes, qui croyaient que ces “rêves” pourraient se réaliser dans les années à venir. Évidemment, l’Amérique du Sud ne pouvait échapper à ce phénomène.
Les fabricants de jouets de la région ont toujours été à l’écoute des nouvelles tendances. En revanche, rares sont ceux qui produisirent des jouets originaux à l’esprit futuriste. La plupart d’entre eux étaient des répliques de jouets japonais, allemands et américains.
Mais il y eut des exceptions honorables de créations locales et des adaptations ingénieuses de modèles étrangers. Tour d’horizon de la production…

En Argentine

Au début des années 1950, l’industrie du jouet en Argentine vivait toujours son âge d’or, généré par la substitution des importations causée par la guerre (Lire Les jouets argentins Matarazzo). Cependant, les grands fabricants de jouets en tôle ne s’aventuraient pas dans l’univers spatial fantastique. Seuls les nouveaux venus d’Italie, comme Lorenzo Viola et Adino Spadetto, fondateurs de Vispa, et les frères Vicente et Natalio Gorgo ont envisagé d’aborder le thème de l’espace dans leur chaîne de production.

• Les figurines

La première firme à “prendre le risque” de la science-fiction fut Plombel, firme fondée en 1943 par le fabricant de miniatures en plomb d’origine hongroise Moisés Belous. En 1952, celui-ci présenta les Plombeliens (Plombelianos), un groupe d’explorateurs spatiaux et d’extraterrestres en 54 mm, inspirés des figurines en plastique des jeux Rex Mars et Tom Corbett Space Patrol produits par Louis Marx aux États-Unis. Ces miniatures sont devenues très populaires et ont tracé la voie à suivre, défiant les soldats de plomb classiques qui vivaient leur moment de gloire en Argentine.

Avec l’utilisation définitive du plastique dans l’industrie, Plombel a lancé en 1956 la deuxième série des Plombeliens dans ce nouveau matériau, reproduisant les Spacemen de la firme américaine Archer Plastics. Mais cette fois, les personnages étaient accompagnés d’un groupe de trois vaisseaux interplanétaires.

Devant le succès de Plombel, son principal concurrent, Trovador, a présenté l’ensemble Explorateurs de l’espace, reproduisant quatre personnages des Captain Video Interplanetary Spacemen, fabriqués par Lido Toys aux États-Unis.

En 1961, Trovador reproduit à nouveau des figures extraterrestres. Cette fois, ce sont les Sélénites, Habitants de la Lune envahissent la Terre. Ces extravagants personnages en plastique de 80 mm, légèrement inspirés des extraterrestres et des robots fabriqués en Italie par Alpia, se composaient de pièces interchangeables et mobiles qui permettaient de créer 64 modèles différents.

• Les engins spatiaux

En 1955, Vispa a produit la Fusée interplanétaire, sur la base du Vaisseau Spatial X-2 du Japonais Masudaya Toys–Modern Toys, mais avec une lithographie très différente.

De leur côté, en 1957, les frères Gorgo on produit la Fusée Lunaire sous la marque “S” de Lothar Silverstein. Ce vaisseau était une réplique de Billy, The Space Traveler, produit au Japon par Masudaya Toys-Modern Toys (Voir photo en en-tête).

L’année suivante, en réponse aux fusées à équipage humain de Gorgo et Vispa, Casa Bélgica a fabriqué la Soucoupe volante interplanétaire sous la marque Niño Feliz. Ce premier Ovni en tôle produit en Argentine était une reproduction du Nr. 562 Apollo de la firme allemande Blomer & Schüler (B&S). La grande différence était que la lithographie du jouet argentin présentait la figure d’un personnage extraterrestre.

Cette même année, profitant de la répercussion mondiale qu’avaient générée les satellites soviétiques Sputnik à la fin de 1957, la société Ansa a présenté son Lance-roquette Sputnik. Depuis une petite plate-forme tournante, un projectile en plastique était lancé et produisait une explosion à sa sortie. Parmi les mentions imprimées sur sa boîte figuraient : Une arme pour enfants innovante et moderne et Un lance-roquettes pour combattre l’éventuelle tristesse de vos enfants et encore Le secret compliqué de ‘Sputnik’ condensé en un jouet merveilleux.

En 1967, les frères Gorgo s’inspirent du modèle Ford Gyron, produit par Ichida au Japon, pour développer et présenter leur Véloflech. Sur la base de ce prototype de voiture, ils ont ajouté différents éléments, dont des têtes d’astronautes, pour lancer la version Véloflech de l’Espace. Peu de temps après, cette même petite tête d’astronaute en plastique se retrouvait dans le vaisseau en forme de fusée appelé Stereomobile, également fabriquée par Gorgo.

Rapidement, la tête de l’astronaute fut remplacée par celle de la célèbre souris italienne crée par Maria Perego et très populaire auprès des enfants Sud-Américains. Ainsi, “magiquement”, le Topo Gigio Astronaute est-il né, avec sa propre licence.

• Les robots

Sans aucun doute, les robots étaient-ils aussi les favoris des enfants. Au milieu des années 1960, l’influence japonaise sur ce type de jouet est prépondérante. La marque V2 a présenté Atlas le Robot de l’Espace, une copie du Mighty Robot Carrying Apollo, produit par Yonezawa Toys. Capri a réalisé un Tobor Robot, une réplique exacte du populaire Sparking Robot de Noguchi. Un fabricant argentin non identifié a également mis sur le marché un petit robot copié du Space Hopper de Yonezawa Toys.

Le premier robot conçu en Argentine ne s’est pas fait attendre. En 1966, les Établissements métallurgiques Rocha (Establecimiento Metalúrgico Rocha) a présenté le jeu Robot Sage Foki le Martien sous sa marque Daisa, dans lequel la principale nouveauté était l’androïde extraterrestre en tôle d’acier émaillée et tubes en plastique. Ce jeu de questions-réponses était basé sur un simple circuit électrique. Les deux connecteurs reliés aux mains du robot permettaient d’associer des questions et des réponses , imprimées sur des feuilles interchangeables, sur les thèmes de la science, la géographie et l’histoire. Lorsque la question correspondait à la bonne réponse, une petite lampe derrière le masque du robot s’allumait. Le torse de Foki abritait une grosse pile de 4,5 volts.
En août 1967, pour célébrer la Fête des Enfants, une importante campagne publicitaire dans les magazines pour la jeunesse en fait un succès qui se répètera pour le Noël de la même année. Contrairement à la tendance qui présentait les extraterrestres comme une menace pour les humains, Foki projetait un futur contact avec les Martiens amical, basé sur l’éducation par l’intelligence artificielle extraterrestre.

Au début des années 1970, Giroplast a présenté son Robot, un androïde similaire aux premiers jouets de ce type fabriqués au Japon, dans les années 50.

De son côté, Sanz crée le Robot Apollo, avec son torse et ses mains reliés par des ressorts qui lui donnaient un mouvement quasi permanent.

Quelques années plus tard, Puky a mis sur le marché Le Grand Robot, un modèle plus élaboré inspiré du Gear Robot japonais créé par Horikawa-SH Toys. Puis une nouvelle version avec télécommande et légères différences est apparue, le PUK02 Bionique.

Biblio

Diego M. Lascano
Auteur (© Texte et photos DML)