A dos de cochons

Personnage de tissu, fil de fer et porcelaine chevauchant un cochon mécanique, fabrication allemande probable, début XXe siècle.

L’expression “Cochon qui s’en dédit » se fait jour au Moyen-Âge, en un temps où l’on “topait-là”, engageant la parole donnée et l’honneur des participants sans document écrit. Se dé-dire était infamant et déloyal.
Bien loin des représentations hollywoodiennes du cochon rose et rieur, au Moyen-âge donc l’animal était vu pour ce qu’il était : sale, glouton, en un mot, répugnant. “Cochon” était donc une insulte symboliquement forte. L’expression “Cochon qui s’en dédit” connut une certaine notoriété à la Renaissance avec Rabelais et Montaigne, traversa une période de disette littéraire au Siècle des lumières et resurgit au siècle suivant, en particulier chez Zola. Le cochon lui-même est associé à la moquerie comme cette caricature de Louis XVI en 1791.

Les deux font la paire”, illustration satirique du XVIIIe siècle.

Des jouets drôles et ironiques

Le XIXe siècle est aussi celui où progresse le jouet industriel accessible à presque tous. La connotation dégradante du cochon n’a pas été oubliée par la population. Certains fabricants matérialisent cette idée du ridicule associée au cochon avec des jouets mécaniques de l’animal chevauchés par des personnages grotesques. Les jouets anciens étant le reflet de leur époque, ils peuvent paraître déplacés de nos jours. Plutôt que de tenter d’effacer ce passé, il convient au contraire de se souvenir et de tenter d’être meilleur.

Jouets allemands peints à la main, milieu du XIXe siècle, sans doute Gunthermann.

Comme Bécassine, notre Bretonne nationale, le Paddy britannique était la caricature de l’émigré irlandais fuyant la pauvreté de son pays. Pour les dessinateurs satiriques anglais de l’époque, il ne pouvait qu’être risible et ils le représentèrent chevauchant un cochon dans une tenue du style “Dandy Johnnie Walker”, mais défraîchie. La caricature étant très populaire, ce dont profita l’industrieux fabricant allemand Lehmann.

Lehmann, Cochon valseur chevauché par Paddy incapable de maîtriser l’animal.

Clown et cochon, un duo comique

Par la suite, le clown a paru être le personnage risible acceptable.

Idée de Lehmann reprise par un fabricant allemand inconnu où Paddy est remplacé par un clown.
Jouet à tirer français, L. 32 cm.
Kuramochi Japon, en fer blanc pour le cochon et celluloïd pour le lutin, fin des années 50.

Attractions de manèges

Chevaucher un cochon est une réalité de tous les âges, principalement bien sûr dans les campagnes. Jusqu’à la fin du siècle dernier, il était même organisé des courses de cochons montés. Et bien des manèges de jardin public avaient un cochon dans leur bestiaire.

Petit manège en fer blanc de Gunthermann (logo SG), années 1930, ø14 cm.
Schylling, copie de 1999 d’un manège en fer blanc des années 1930, H. 7,6 cm.

De nos jours, la société australienne Wheely Bug perpétue cette tradition avec ce cochon porteur d’enfant.

Bernard Gloux
Collectionneur